Le juge Goldstone revient partiellement sur les conclusions de son rapport

avril 2011

En 2009, le juge sud-africain Richard Goldstone, à la demande des Nations Unies, avait conduit une enquête et rédigé un rapport sur la conduite de l’offensive israélienne menée de décembre 2008 à janvier 2009 contre Gaza.

Dans ses conclusions, il avait estimé détenir des preuves que « des crimes de guerres potentiels et de possibles crimes contre l’humanité (avaient été commis) par Israël et par Hamas », le parti palestinien gouvernant de facto l’enclave de Gaza.

Dans une tribune publiée dans le « Washington Post » du 2 avril 2011 et publiée pendant le week-end, il déclare : « Si j’avais su alors ce que je sais maintenant, le rapport Goldstone aurait été différent ».

Il va jusqu’à dire que les incidents dans lesquels était impliquée l’armée israélienne « indiquent que les civils n’étaient pas ciblés intentionnellement dans un cadre opérationnel ».

A première vue, on est tenté de saluer le courage d’un homme qui sait se remettre en cause. Lisant son papier, certains propos éveillent cependant l’attention. En effet, absolvant Israël, il écrit : « Je suis convaincu que si la négligence d’un officier était prouvée, Israël répondrait en conformité » avec les règles.

Plus surprenant, il va jusqu’à oser dire que « l’histoire des rapports biaisés contre Israël » du Conseil des Droits de l’Homme des Nations Unies « ne peut pas être mis en doute ». Une accusation grave qui, s’il en avait été convaincu, aurait dû l’empêcher de collaborer avec l’organisation internationale, prenant le risque que son rapport ne soit utilisé par ce Conseil.

En revanche, il dévoile son a priori à l’endroit du mouvement palestinien en disant : « Que des crimes supposés commis par Hamas aient été intentionnel va sans le dire... »

Or, d’une part, l’évolution de la vision de Goldstone ne repose pas sur de nouvelles recherches de terrain, mais relève de sa seule appréciation à la lecture des informations.

D’autre part, il adopte désormais une position, qui n’est pas celle d’un juge, ou d’un homme en quête de vérité, mais celle d’un partisan.

Or, il faut savoir. Goldstone appartient à la communauté juive d’Afrique du Sud. Il avait fait montre d’une grande probité et d’un sens élevé de sa mission en condamnant le comportement d’Israël, lors de la guerre de Gaza, le mettant dos à dos avec Hamas, pour les abus de ce dernier.

Depuis, en tant que membre de la communauté juive, il a subi des attaques multiples de la part de ses coreligionnaires au cours des réunions religieuses et sociales auxquelles il a coutume d’assister. Certains ont même tenté de lui interdire les lieux de rencontre de la communauté. Quelque chose d’intolérable pour un juif attaché à ces manifestations de la vie collective. Ce demi exil, on peut l’imaginer, l’a fait souffrir.

A cela s’est ajouté le harcèlement quasi quotidien, destiné à lui présenter la réalité sous un jour plus favorable pour Israël. Son texte transpire de cette insistance et de l’effet qu’elle a eu sur lui.

Nous plaignons le juge Goldstone, car ce que les mots sont parvenus à faire sur sa conscience, les faits le déferont un jour ou l’autre. Ballotté entre celle-ci et son appartenance, cet homme honnête, mais néanmoins homme, va continuer de souffrir. On voit ce que le communautarisme peut faire des meilleurs d’entre nous.

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