LE MONDIALISME EN MARCHE

La rencontre de la Commission Trilatérale
à Belgrade

décembre 2014

Les 1er et 2 novembre 2014, se tenait à Belgrade la rencontre de la branche européenne de la Commission Trilatérale. Cet événement prend une importance particulière en raison de la relation de proximité entretenue par la Serbie avec la Russie, d’une part. De la publicité inaccoutumée dont a joui la rencontre dans les media locaux, d’autre part.

Ceci permet de mieux comprendre le rôle qu’entend jouer la Trilatérale dans le monde. En outre nous prenons acte du comportement nouveau de cet organisation qui laisse désormais filtrer des informations sur le déroulement de ses rencontres, voire des discours entiers de certains intervenants.

S’il le fallait, un incident a démenti la fable consistant à faire passer la Trilatérale pour un cercle de gentlemen sans impact réel sur les affaires de ce monde. Troublant l’atmosphère feutrée de la rencontre, un système de surveillance destiné à enregistrer les conversations a été découvert dans la chambre de l’hôtel Crowne Plaza où le Premier ministre serbe, Alexander Vuvic, devait rencontrer les représentants de la Trilatérale.

Il y a peu de chance que les auteurs de cette écoute clandestine soient découverts. La tentative n’en révèle pas moins l’intérêt suscité par cette mystérieuse Trilatérale.

En attendant, les analyses faites autrefois par Pierre de Villemarest, mettant en évidence le rôle d’antichambre d’un futur gouvernement mondial joué par la Trilatérale, se voient confirmées. Et pas par n’importe qui ! Par Tanjug, la très officielle agence de presse serbe fondée en 1943 sur ordre de Josip Broz, mieux connu sous le nom de Tito.

Rien que ce choix de la Trilatérale, d’une ancienne agence communiste, pour se dévoiler un peu est chargé de sous-entendus car l’on sait tout cela se faisant du même coup avec l’accord des autorité serbes.

Tanjug va jusqu’à qualifier la Trilatérale de « groupe de discussion souvent désigné sous le titre de gouvernement de l’ombre (1) du monde ». Puis rapportant les propos du président européen de la Trilatérale, Jean-Claude Trichet (2), pendant le discours d’ouverture, l’agence serbe écrit : « Les membres de l’économie globale et l’élite de la politique sont venus à Belgrade pour discuter des questions auxquelles est confrontée l’Europe, le futur de l’intégration à l’Europe des Balkans de l’ouest et de l’actuelle situation en Russie et en Ukraine ».

Après une telle déclaration, comment mettre en doute l’arrogante prétention de cette organisation sans la moindre légitimité démocratique à décider des affaires du monde. Villemarest avait consacré sa vie à dénoncer cette imposture.

Tanjug, avec l’aval évident du gouvernement serbe et donc des organisateurs de la rencontre, ne craint pas d’enfoncer le clou en affirmant : la Trilatérale « opère comme une sorte de concile international des Affaires étrangères... Afin de concentrer le pouvoir politique, le coeur de cette organisation est important. Aussi, la Commission Trilatérale réunit-elle ensemble des officiels de la Banque Mondiale, de la Banque Centrale Européenne, du Fond Monétaire International et de la plupart des grandes banques internationales... »

Puis, succulent sous la plume d’une agence autrefois communiste, on lit que la Trilatérale « défend aussi les intérêts des compagnies multinationales ».

Enfin, comme l’avait autrefois dévoilé David Rockefeller du haut de la tribune (3), l’omerta totale qui a pesé sur la presse concernant la Trilatérale est reconnue par Tanjug. L’agence dit : « Quoique que les activités de la Commission (Trilatérale) aient toujours été discrètes, elles incluaient aussi les média, plus exactement les média officiels dominants, qui étaient autorisés à assister aux rencontres à condition que rien de ce qui était entendu ne fût révélé au public, même de manière officieuse ».

Et Tanjug d’ajouter : « Le public aurait appris du plan de ce mode unipolaire que la Commission Trilatérale entend consolider et contrôler les quatre piliers du pouvoir : le politique, le monétaire, l’intellectuel et le spirituel, ceci afin de donner naissance à un monde plus pacifique et une communauté internationale globalisée et plus productive ».

Sans doute un reste de communisme collant aux parois pariétales du rédacteur lui permet-il de conclure aussi positivement. Car après tout, ce monde rêvé par les mondialistes correspond dans la forme à l’idéal prôné autrefois par les marxistes : une élite éclairée, ou supposée telle, au pouvoir, la paix universelle promise et une meilleure productivité au travail. On sait ces lubies menant tout droit aux goulags car les hommes, quand ils sont restés libres dans leurs esprits, deviennent de dangereux dissidents.

Nous savons pourtant les Serbes très nationalistes (4). Comment donc expliquer leur apparente soumission à une entité mondialiste toute consacrée à la dissolution des nations ?

Il faut les savoir fascinés par l’idée d’entrer dans l’Union européenne. Tanjug ne fait pas un secret des intentions du Premier ministre : « Il, dit l’agence, a insisté sur l’objectif clé de la politique étrangère serbe : l’obtention du statut de membre de l’Union européenne ».

S’appuyer sur la Trilatérale pour y parvenir n’est pas stupide. En effet, non seulement Trichet, son président, est un ancien très haut fonctionnaire du système européen, mais de plus la Trilatérale considère l’Union européenne, qu’elle soutient, comme un passage obligé vers un gouvernement mondial.

Dans ce cadre, la Serbie se donne consciencieusement toutes les chances. D’abord, elle a refondé son système fiscal selon les nouvelles normes sans que rien ne lui soit demandé, suscitant les compliments du FMI. Ensuite, elle offre ses services, arguant de ses très bonnes relations avec Moscou, pour faciliter le dialogue entre la Russie et l’Union européenne. Reste à se demander jusqu’où la Serbie est réellement disposée à aller en matière d’abandon de souveraineté. Bruxelles... et la Trilatérale pourraient un jour être surpris par ce petit pays retord.

Notes

(1) « Shadow government » en anglais, structure de l’opposition.
(2) Pour mémoire, Jean-Claude Trichet a été gouverneur de la Banque de France, président de la Banque centrale européenne. Il est membre de l’Intitut Aspen, de l’Institute for International Economics de Washington, membre du groupe de Bilderberg et membre du Siècle.
(3) lire « Le mondialisme nous étreint ». Nous reproduisions les propos de David Rockefeller, à Essen le 8 juin 1991, révélés par Pierre de Villemarest : «
Le monde est maintenant plus sophistiqué et disposé à marcher vers un gouvernement mondial. La souveraineté supranationale d’une élite intellectuelle et des banquiers mondiaux est sûrement préférable à l’auto-détermination nationale que l’on pratiquait dans les siècles derniers ».
(4) Comme nous avons pu nous en rendre compte les côtoyant pendant nos reportages en Yougoslavie en 1998 et 1999, avant et pendant la guerre menée par l’Otan pour le Kosovo.

Centre de Recherches sur le terrorisme depuis le 11 septembre 2001
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