NOUS N'AVONS PAS À AVOIR HONTE

DE NOS SOLDATS

avril 2007

Le général Paul Aussaresses, ciblant à merveille le support médiatique de ses " révélations ", s'est répandu dans " Le Monde " du 6 mars 2007 sur la mort de Larbi Ben M'Hidi (1), l'un des chefs du FLN algérien. Sa " confession " sur ce sujet n'est pas nouvelle. Il tenait sans doute, une fois de plus, à se mettre en valeur, fut-ce à son désavantage et au détriment de l'armée française.

Ben M'Hidi, rapporte Aussaresses, ne s'est pas suicidé, comme l'avaient affirmé les autorités françaises. Il n'a pas non plus été torturé, contrairement aux supputations de son entourage. Il a été exécuté. Sur ordre, Aussaresses en personne a organisé sa mise à mort et assisté à ses derniers moments. Il s'agit donc d'un assassinat.

Il faut cependant replacer les choses dans leur contexte. En une quinzaine d'années, nombre de nos officiers se voyaient confrontés à leur troisième guerre. Après les nazis et le Vietminh, c'était le soulèvement algérien. Par milliers, ils avaient subi la torture, l'avilissement des camps ou les exécutions sommaires. Nos intellectuels et autres bien pensants ne s'en étaient pas beaucoup émus. Pire, souvent, leurs bourreaux bénéficiaient de protections douteuses, quand ils ne passaient pas pour des gens bien. Un de leurs tortionnaires, Georges Boudarel, a pu faire carrière comme professeur à l'université Paris VII (2).

Dans ces conditions, comment s'étonner que nos troupes n'aient pas appliqué les mêmes règles morales qu'aujourd'hui ? Avouons-le, si avec l'ensemble de la société, nos responsables politiques avaient fermement dénoncé les sévices et maltraitances infligés par les nazis et le Vietminh à nos soldats, avec leurs officiers, ils auraient pu se faire d'autres repères. Sachant que tout ce qu'ils avaient subi relevait de l'intolérable, ils n'auraient pas pris certaines méthodes, aujourd'hui réprouvées, pour la norme de guerres impitoyables.

Encore, faut-il le dire, n'avons-nous que rarement à rougir de nos soldats, quand on compare leur conduite à celle de l'ennemi. Dans l'affaire de Ben M'Hidi sans doute mieux que dans d'autres.

Il a été certes exécuté, dans la nuit du 3 au 4 mars 1957. Mais dans la journée, le général Marcel Bigeard (alors colonel) lui a fait rendre les honneurs par un peloton de parachutistes. Jusqu'à la dernière minute, il a bénéficié du respect de ses geôliers.

En Algérie, les conscrits de l'armée française, retrouvés égorgés, le sexe tranché coincé entre les dents, n'ont pas joui du même respect.

Quant à Saddam Hussein et à son demi-frère, Barzan Al-Tikriti, même s'ils ne furent pas de parfaits "gentilshommes" pendant leur vie, on les sait morts sous les insultes, leurs dépouilles probablement profanées. Cela sous la botte américaine et de mains arabes, quand George W. Bush et ses amis prétendent régir le monde au nom de valeurs morales plus intransigeantes qu'autrefois.

Alors non, vraiment non, nous n'avons pas à avoir honte de nos soldats.

Alain Chevalérias


(1) Chef politique et militaire du FLN pour la région d'Alger en 1957.

(2) Georges Boudarel, communiste français, a servi comme commissaire politique dans un camp de prisonniers français du Vietminh. Sur 39 888 prisonniers de guerre français, 9 934 sont revenus vivants de ces camps. La mortalité y était plus élevée que pour les résistants dans les camps de concentration nazis. Boudarel, protégé par les communistes, a pourtant fait une carrière de professeur d'université. Il est mort en décembre 2003.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Garde-champêtre fidèle à la France, Sebie Abdelkader Ould Cheikh a été égorgé et scalpé par les hommes du FLN pendant la guerre d'Algérie. Son corps, enseveli par sa famille et déterré le lendemain par ses bourreaux a été fixé à un poteau, la main attachée de manière à simuler un salut militaire.

Centre de Recherches sur le terrorisme depuis le 11 septembre 2001
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