OFFENSIVE RUSSE

avril 2009

Le général Leonid Ivashov occupait les fonctions de chef d’état-major des armées russes le 11 septembre 2001. À la retraite, il s’est reconverti comme géostraège et écrit de nombreux articles sur les affaires militaires. Ils’inscrit dans une ligne politique ultra-nationaliste et se range dans l’opposition face à Vladimir Poutine. Nous reprenons ici les passages d’une analyse qu’il a publiée le 17 mars 2009. Elle doit-être prise comme l’opinion d’un homme, ou d’un groupe d’hommes, et non comme celle de tous les Russes. Il nous apparaît néanmoins intéressant de publier un point de vue minoritaire mais représentatif de certains milieux.

« Aujourd’hui, les États-Unis d’Amérique et l’OTAN se sont arrogés le droit de décider du destin d’autres États, de commettre des actes d’agression, de soumettre les principes de la Charte des Nations Unies à leur propre législation », écrit le général Leonid Ivashov.

Il continue : « Ce sont précisément les pays occidentaux qui, par leurs actions et agressions contre la République fédérale de Yougoslavie et l’Irak, ainsi qu’en permettant de toute évidence l’agression israélienne contre le Liban et en menaçant la Syrie, l’Iran et d’autres pays, ont libéré une énorme énergie de résistance, de vengeance et d’extrémisme, énergie qui a renforcé le potentiel de la terreur avant de se retourner, comme un boomerang, contre l’Occident ».

Jusque-là, nous sommes d’accord. Dans la suite, en revanche, Ivashov dérive, mêlant habilement vérités et exagérations.

Nous lisons : « L’analyse de la substance des processus de mondialisation, ainsi que des doctrines politiques et militaires des États-Unis d’Amérique et d’autres États, permet de se convaincre que le terrorisme favorise la réalisation des objectifs de domination du monde et la soumission des États aux intérêts de l’oligarchie mondiale. Cela signifie qu’il constitue (...) un simple instrument, le moyen d’instaurer un nouvel ordre unipolaire ayant un centre de commandement mondial unique, d’effacer les frontières nationales et d’assurer la domination d’une nouvelle élite mondiale... »

La suite est importante et c’est là que réside la distorsion. Parlant de cette « élite mondiale », il dit : « C’est elle qui constitue le sujet principal du terrorisme international, son idéologue et son « parrain ». C’est elle aussi qui s’efforce de diriger le terrorisme contre d’autres États, y compris contre la Russie ».

Le 11 septembre 2001, les Tours jumelles en feu« L’attentat terroriste contre les tours jumelles du World Trade Center (...) a délié les mains des États-Unis d’Amérique, de la Grande-Bretagne et d’Israël, leur permettant de mener des actions contre d’autres pays en faisant fi des règles de l’ONU et des accords internationaux ».

A entendre Ivashov, tout apparaît simple. Puisque la lutte contre le terrorisme, donc le terrorisme lui-même, servent la machination mondialiste, la preuve est faite, selon lui, que le terrorisme est pensé, parrainé et dirigé par cette « nouvelle élite mondiale » et Washington.

Sur ce point, nous divergeons profondément. Que les tenants de la pensée mondialiste aient profité de l’occasion des attaques terroristes pour faire avancer leur projet, oui. Qu’ils en aient été les instigateurs, jusqu’à preuve du contraire, nous ne le croyons pas.

Ahmadinejad et ChavezIl faut bien comprendre ce que les propos d’Ivashov signifient. L’écoutant, ce n’est plus le terrorisme auquel nous devrions nous opposer, mais, prenant le mal à sa source, faire front contre les États-Unis, désignés comme le mal absolu. En clair, avec la Russie, nous devrions nous inscrire dans une alliance stratégique incluant le Venezuela de Chavez, et l’Iran.

Couverture livre: La guerre infernale, biographie  de Ben LadenIvashov insiste : « En ce qui concerne la provocation du 11 septembre et contrairement à l’opinion dominante, « Al-Qaïda » ne pouvait être ni le commanditaire, ni l’organisateur, ne disposant pas des moyens financiers suffisants (et ils sont énormes) pour commander une action d’une telle ampleur ». Ce à quoi nous objectons, qu’en réalité, Al-Qaïda, grâce à la fortune d’Oussama Ben Laden, disposait largement des « moyens financiers » nécessaires. Qu’en outre, ces derniers, pour l’évaluation la plus haute, ne dépassaient pas un million d’euros.

Londres 7.07.2005, bus détruit
par l'explosion d'une bombe
Londres 7.07.2005 bus détruit par  l'explosion d'une charge

Mais Ivashov va plus loin. « Les explosions dans le métro de Londres, dit-il, les désordres à Paris en 2005-2006 sont des provocations locales qui ont eu des répercussions sur la politique et l’opinion publique en Grande-Bretagne et en France (...) Même en Irak, les explosions dans les mosquées sunnites et chiites ne sont rien d’autre que des provocations organisées en vertu du principe « diviser pour régner » ».

L’excès d’Ivashov décrédibilise son analyse. En outre, dans cette dernière, il ne tient compte ni de la réalité de la mouvance créée et financée par Ben Laden, ni du conflit entre sunnites et chiites, ni enfin des ambitions de l’Iran. Il est intéressant de remarquer que, tout en s’inscrivant dans l’opposition à Poutine, Ivashov sert néanmoins la stratégie russe qui tend à placer l’Europe sous son affluence.

Centre de Recherches sur le terrorisme depuis le 11 septembre 2001
 www.recherches-sur-le-terrorisme.com

 
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