LA FRANCE BLESSÉE |
Le 13 novembre, vers 21 heures 20, une attaque-suicide éclate devant une entrée du Stade de France, à St Denis (93). Dans lenceinte se déroule un match de football amical entre la France et lAllemagne. Le Président de la République, François Hollande, est à la tribune. Les spectateurs ne prêtent pas attention à lexplosion. Pas plus quaux deux qui suivent, commises elles aussi par des kamikazes. Le Président est discrètement exfiltré. Cette partie du drame mérite un éclaircissement. Quatre personnes sont mortes. Il fallait sattendre à plusieurs centaines de morts si les terroristes avaient réussi à franchir les portes du stade. Le système de filtrage a rempli son office. Prouvant leur sens de la communication, les commanditaires de lattaque avaient espéré déclencher le carnage sous lobjectif des caméras braquées sur le match. Mais pourquoi, leur coup manqué, les trois kamikazes se sont-ils fait sauter au milieu dune place déserte ? Ils auraient pu se diriger vers une brasserie, entrer dans un cinéma ou choisir un autre lieu daffluence. On peut supposer leurs ceintures ayant été déclenchées à distance par un compère. Ils auraient alors été sacrifiés « pour rien », prouvant que pour leur commanditaires, ces hommes ne valent pas grand-chose en termes économiques et humains. Cependant, le troisième kamikaze ne sest pas encore fait sauter, quune fusillade éclate à 21 heures 25 contre un bistrot au coin des rues Alibert et Bichat (Paris XIe). Puis le tireur sen prend à un restaurant situé en face. Une quinzaine de personnes sont tuées. Dans la foulée des attaques prennent place à plusieurs carrefours : rue de la Fontaine-au-Roi, puis rue de Charonne (Paris XIe). Enfin, cest le tour dun restaurant au 253 du boulevard Voltaire (Paris XIe). Là, de plus, un kamikaze déclenche sa ceinture dexplosif blessant gravement une personne. À ce moment, vers 22 heures, on compte 44 morts et 33 blessés graves. Nous ne sommes pourtant quau début de lhorreur. Il faut alors remarquer : les quatre attaques-suicides nont fait, grâce à Dieu, que cinq morts. Dans lesprit des exécutants un sacrifice, mais bien peu efficace. Cet aspect, objectivement décevant au regard des terroristes, laisse supposer une incohérence. Sans doute une incapacité des exécutants à apprécier lenvironnement. Peut-être sous leffet de drogues comme celles utilisées au combat par les jihadites en Syrie. Nous pensons bien sûr au Captagon *. À 21 heures 40, un commando de trois hommes entre dans le théâtre du Bataclan pendant un spectacle du groupe rock « Eagles of Death Metal ». Celui-ci chante alors « Kiss the Devil », en français « Embrasse le Diable ». Cette attaque, se termine vers 1 heure du matin grâce à lintervention du RAID et de la Brigade anti-gang. Elle aura fait 89 morts et un sixième terroriste aura déclenché sa ceinture dexplosif. Le total sélève à 130 décès et 352 blessés pour lensemble de lopération. Mais tout nest pas terminé. Les enquêtes commencent. Rapidement, elles permettent larrestation de suspects à Molenbeek dans la banlieue de Bruxelles. Puis, le 18 au matin, un assaut policier prend à partie un groupe lourdement armé dans un immeuble de St Denis. Selon les informations, deux individus sont tués par une ceinture explosive : Abdelhamid Abaaoud, le chef des commandos du 13, et une jeune femme. Sept personnes sont arrêtées. Au passage, il faut saluer lefficacité des forces de police qui ont agi rapidement, au regard des contraintes matérielles, et sans faire de victime au sein de la population. Cest remarquable de professionnalisme et de dévouement. Les attaques du 13 novembre lève une vague de compassion en faveur de notre pays. On peut sentir à ce moment la place quoccupe la France dans limaginaire de lhumanité. Un peu partout, des monuments publics sont illuminés à nos trois couleurs, du Brésil à lAustralie, en passant par la Chine ou la Grande-Bretagne. À Dubaï, la plus haute tour du monde, Bourj al-Khalifah, se drape dans des faisceaux de lumière tricolore. La même chose se produit au Koweït et jusquen Arabie Saoudite. Les États arabes veulent montrer quils ont choisi leur camp. Le Maroc lui-même na-t-il pas fourni les informations permettant lintervention de la police le 18 à St Denis ? Pourtant, en France, sur plusieurs radios, le matin des attentats, les journalistes saluent « les messages de sympathie envoyés par les pays européens, les États-Unis et Israël ». Comme sil était essentiel, aux yeux de certains, dassocier dans les esprits les pays occidentaux et lÉtat hébreu en en faisant, au même titre, des victimes du terrorisme. En Suède, on ne vit pas les choses comme cela. La ministre des Affaires étrangères, Margot Wallström, a dit à la télévision « quafin dempêcher la radicalisation des jeunes musulmans, il faut soccuper des situations au Moyen-Orient comme celle des Palestiniens... » Cependant, si en France aussi la réprobation est unanime, le CRIF et les autres organisations communautaires juives insistent pourtant pour faire le rapprochement entre la situation dIsraël et la nôtre. Nuance de taille, nous noccupons pas un territoire étranger. Fait marquant, néanmoins, toutes les organisations musulmanes de lHexagone, en premier lieu le CFCM, dénoncent avec force les attentats du 13 et appellent à « la lutte contre le radicalisme ». La moindre des choses dira-t-on. Mais les attaques, touchant de manière indiscriminée toutes les catégories de la population, font tomber lambiguïté de certains musulmans. Signe important, lors de la minute de silence, dans les écoles, les élèves se prêtent bien plus facilement quen janvier à ce cérémonial. De manière peut-être un peu trop angélique, Malek Boutih, député PS, déclare même : « Une majorité de musulmans vivent heureux en France et ont peur non pas du racisme, mais des intégristes ». La majorité musulmane est notre meilleure alliée contre le terrorisme. Reste la minorité activiste. Plusieurs témoignages signalent des cris de joie dans les coursives des prisons au moment des attentats. La minute de silence aurait même été saluée par des huées à la maison darrêt de Fresnes. Or, on le sait, la radicalisation islamiste des détenus est devenue préoccupante. (*) Voir notre article « Capture de Captagon à Beyrouth » . |
Dans une interview accordée à
« Aujourdhui en France » datée
du 12 novembre 2015, Marc Pelloux, notre « héroïque
» médecin urgentiste, commente le livre quil
a sorti à propos des attentats de janvier. Il dit : «
Il ne fallait pas prendre les terroristes vivants ».
On est estomaqué entendant les mots prononcés par
cette « grande conscience nationale ». pour la militarisation de la protection antiterroriste Le 15 octobre 2015, devant les députés de la Commission de la Défense nationale, Pierre de Villiers, chef détat-major des armées, a tenu des propos aux allures de loi martiale. Il a dit : « Puisque nous avons affaire (à létranger) aux mêmes terroristes, nous devons pouvoir recourir, le cas échéant, à des modes daction qui sinspirent de ceux utilisés (par nos soldats) à lextérieur du territoire national ». Logique... à première vue ! Mais le terrain, les populations et les conditions économiques ne sont pas les mêmes. Méfions-nous des simplifications hâtives. après le 13 novembre Nous avons lu et entendu de nombreuses interventions de musulmans pleines de compassion, de solidarité et de raison. Nous dira-t-on, « cest la moindre des choses ». Certes, mais cela a été fait, et parfois très bien. Maintenant, tous les responsables français de cette religion doivent aussi réfléchir aux moyens dassécher lidéologie. Sur le site « SaphirNews », dont nous avons parfois critiqué les propos , nous avons remarqué de très bons textes allant dans ce sens. Lun
deux explique la relation entre « arabité
sunnite radicale », wahhabisme et fonctionnement tribal.
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www.recherches-sur-le-terrorisme.com |