LES ÉTRANGES AMITIÉS
DU CRIF

Le 24 novembre 2009, dans sa revue de presse quotidienne, le CRIF (1) publiait une information sous le titre : « Le commandant iranien Ahmadreza Radan aux opposants : « Oubliez Auschwitz. Ici sera votre fin » ».

Dans le chapeau, la dépêche précisait : « L’enregistrement sonore des communications radio du commandant adjoint des Forces de sécurité du régime, Ahmazdreza Radan, durant la répression sanglante de la grande manifestation du 20 juin dernier
(2), vient d’être rendu public par le mouvement d’opposition iranien OMPI, rapporte le site Iran Focus, mardi 24 novembre 2009 ».

Selon Iran Focus, Radan aurait dit, pour stimuler ses troupes contre les manifestants : « Chaque jambe cassée équivaut à une bonne action... Frappez-les bien dans les parties sensibles ». Il aurait dit aussi : « Il n’y a que huit ou dix vieilles qui sont encore sur place, tu les tabasses aussi ».

Enfin, attribuant la direction de la prison de Kahrizak, ou le pouvoir regroupait les manifestants, à Radan, Iran Focus rapporte qu’il y aurait dit aux détenus : « Oubliez Auschwitz, Abou Ghraib et Guantanamo. C’est ici le plus dur, ici sera votre fin et votre tombe ».

Compte tenu de la férocité de la répression et du caractère arbitraire du pouvoir, les responsables de la sécurité iranienne peuvent avoir tenu de tels propos. Cependant, nous sommes bien incapables de dire si ces enregistrements sont authentiques ou non. Le CRIF non plus, croyons-nous savoir.

La crédibilité de l’information dépend du seul OMPI, ou Organisation des Moujahidine du Peuple iranien, connue aussi sous le nom de Moujahidine-e-Khalq. Le site Internet Iran Focus, qui a publié les enregistrements, est pour sa part une émanation de l’OMPI. Sa rédaction s’effectue au siège de cette dernière, dans les locaux de la rue des Gords, à Auvers sur Oise (Val d’Oise).

Déclarés organisation terroriste par l’Union européenne et les autorités françaises, les Moujahidine-e-Khalq séjournent néanmoins dans cette petite ville de la banlieue parisienne avec la bénédiction du gouvernement, ceci depuis leur installation, en 1982, sous l’égide de François Mitterrand.

Massoud Rajavi et Moussa Khiabani,
votant pour l'instauration de la
République Islamique en Iran.
Massoud Rajavi et Moussa Khiabani votat pour l'instauration de la République Islamique en Iran

 

Nous avons réalisé une enquête de plus d’un an sur les Moujahidine-e-Khalq (3). Cette organisation, en ressort-il, a survécu plus de quarante ans s’alliant d’abord aux islamistes proches de Khomeiny contre le le Shah et flirtant avec les Palestiniens de Yasser Arafat, puis passant aux côtés de l’Irak contre l’Iran, avant de se retrouver dans le camp d’Israël face au régime des ayatollahs.

 

Quand Rajavi offrait une arme en cadeau à Arafat.
Couverture du Mojahed, bulletin officiel
de l'OMPI (25 février 1980)
Couverture du Mojahed, publication de l'OMPI, Rajavi offrant une arme à  Arafat

L’alliance entre les Moujahidine et l’État hébreu s’est faite au lendemain de l’invasion de l’Irak par les Américains. Ces derniers amenaient avec eux des Israéliens, « spécialistes » de contre guérilla et interprètes en langue arabe. Des agents du Mossad sont entrés en contact avec les Moudjahidine, retenus dans le camp d’Achraf, à une cinquantaine de kilomètres au nord de Bagdad, pour les inviter à collaborer.

Premier intéressé, le chef des Moujahidine, Massoud Radjavi (ou Rajavi), pourrait confirmer ces informations. Manque de chance, on est sans nouvelles de lui. Son épouse, Maryam Radjavi, dirige l’organisation en son absence.

Nous avions déjà détecté des preuves indiscutables de l’association entre les Moujahidine et les Israéliens. Le 23 février 2006, une conférence sur le terrorisme était annoncée par la lettre d’information de l’ambassade d’Israël en France. Les organisateurs avaient obtenu un local au Sénat français. Parmi les orateurs figuraient les noms d’Élisabeth Schemla, une journaliste inconditionnelle d’Israël et de Yigal Carmon, directeur du MEMRI (4) et, surtout, ancien officier du Mossad.

Ce n’était pas tout : on lisait aussi le nom de Saleh Radjavi comme intervenant. Frère de Massoud, il vit à Auvers sur Oise et appartient à l’organisation des Moujahidine.

Les services français sont intervenus auprès de l’autorité de notre pays pour signaler l’anomalie. Il a été demandé aux organisateurs, MedBridge Strategy Center, de se passer des lumières de Saleh Radjavi.

Le plus grave est néanmoins ailleurs. Le site Iran Focus véhicule des désinformations (5) et il est difficile, dans leurs textes, de faire la part du faux et du vrai. Voilà pourquoi, au-delà des alliances de circonstances, le CRIF commet une erreur en se faisant l’amplificateur des écrits d’Iran Focus.

 

Notes

(1) Conseil représentatif des institutions juives de France.
(2) La répression était alors à son apogée.
(3) Voir le livre « Brûlé vif », Alain Chevalérias. Prix 20 €.
(4) Le MEMRI a été fondé aux États-Unis en 1998. Sous prétexte de traduire les textes arabes et persans dans les langues occidentales, il arrive au MEMRI de glisser des désinformations dans ses publications.
Voir L'article du Guardian: Selective Memri
(5) Dans ses écrits, Iran Focus a dénaturé une décision juridique nous concernant. Ceci prouve jusqu’où peut aller cette structure, puisque nous disposons des pièces permettant de la confondre.

Centre de Recherches sur le terrorisme depuis le 11 septembre 2001
 www.recherches-sur-le-terrorisme.com

 
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