Le gouvernement israélien a confirmé
linformation annoncée par la radio de larmée
le 19 janvier dernier, à propos de la réquisition
de 154 hectares de terres appartenant à des Palestiniens
près de Jéricho. De leur propre aveu, les autorités
de lÉtat hébreu sautorisent cette saisie
en sappuyant sur une loi ottomane décrétée...
en 1858.
Carte de 2005, les territoites palestiniens ( en vert)
ressemblaient déjà à un gruyère
Cette législation faisait quune
terre laissée en jachère plusieurs années
pouvait revenir à lÉtat. En août
2014, 380 hectares avaient déjà été
confisqués en utilisant la même procédure.
Sans que nous sachions si cest le cas dans ces situations
précises, il faut savoir les activistes juifs semant la
terreur auprès des fermiers palestiniens afin de les empêcher
de cultiver leurs terres, rendant ainsi facile lapplication
dune loi remontant à la période ottomane.
Ces
manières de faire sont vivement dénoncées
par les Nations Unies. Le secrétaire général,
Ban Ki-moon, a parlé le 26 janvier « dactes
provocateurs ». Il a aussi dit : « Il est
dans la nature humaine de réagir à loccupation
» et évoqué « le sentiment profond
daliénation et de désespoir qui meut certains
Palestiniens, surtout les jeunes » ( Daprès
le « New York Times » du 27 janvier 2016.).
Benyamin Netanyahou a accusé
Ban Ki-moon dencourager le terrorisme.
Grosse démolition
de maisons palestiniennes par les Israéliens
Le 9 février,
larmée israélienne a détruit 23 maisons
palestiniennes dans deux villages dHébron. Une centaine de personnes se
sont retrouvées sans abris. Cette zone, Masafer Yatta,
est appelée par les Israéliens Zone de feu 918.
Ils la disent indispensable pour lentraînement de
leur armée. Le programme comprend lexpulsion dun
millier dautres Palestiniens.
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LA GUERRE DES COUTEAUX
En quatre mois et demi, daprès
les autorités israéliennes, à la date du
19 février 31 Israéliens avaient été
tués à la suite de 228 attaques au couteau commises
par des Palestiniens. 174 dentre ces derniers sont morts,
abattus sur place.
Daprès les statistiques, la moitié des attaquants
ont moins de 20 ans. 11% sont des femmes. La plupart des agressions
au couteau se déroulent en Cisjordanie, cest-à-dire
dans les territoires occupés. Ils visent en priorité,
mais pas seulement, des soldats et des colons.
Il faut parler dune nouvelle forme de guerre, une sorte
d « intifada »(*). Certes, la réponse violente
à loccupation et aux brimades israéliennes
est induite dans la culture palestinienne. Néanmoins,
à la différence des offensives précédentes
suscitées, sinon soutenues, par les organisations politiques
palestiniennes, la « guerre des couteaux »
semble spontanée.
Les Israéliens eux-mêmes, dans leurs médias
en anglais, constatent le profil surprenant des attaquants :
ils nappartiennent que rarement à des structures
organisées et, pour la plupart, ils ne se sont jamais
faits remarquer par des comportements agressifs ou rebelles.
Lun deux apparaît comme particulièrement
représentatif de cette tendance, le jeune Mohammed
Sabaaneh.
Cest un point capital, comme le révèle les
chiffres, les jeunes attaquants ont huit chances sur dix de mourir
sur place. Pour cette raison, réussies ou non, ces tentatives
dassassinats sont qualifiables dattentats-suicides.
Les Israéliens, à part le réflexe radical
dune quasi exécution immédiate sous prétexte
de légitime défense, nont pas de réponse
appropriée. Les armes, de simples couteaux, voire des
tournevis, sont en effet accessibles dans le moindre atelier
et dans les cuisines familiales. Le 9 février, le Premier
ministre, Benyamin Nétanyahou, a donné sa
formule de protection : « LÉtat dIsraël
tel que je le vois sera entièrement clôturé
(...) Va-t-on entourer tout lÉtat dIsraël
de barrières et de clôtures ? Je dis oui. Dans la
région où nous sommes, nous avons à nous
défendre face à des bêtes sauvages ».
Bien sûr, les Israéliens ont le droit de se défendre.
Cependant, se retranchant derrière des murs et des barbelés,
ils enferment de manière un peu plus radicale les Palestiniens.
Or, tous les observateurs en viennent à la même
conclusion : ces attaques au couteau sont le fait de jeunes qui
ne voient aucune chance de sortir de leur claustration. Cela
génère des pulsions de colère irréductible
à la moindre frustration face à larrogance
israélienne. En clair, la méthode Nétanyahou
renforce le danger.
Mieux que dautres, pourtant, les Israéliens, les
juifs en général, devraient comprendre. Au cours
du 1er siècle de lère chrétienne,
à plusieurs reprises leurs ancêtres se révoltèrent
contre le pouvoir de loccupant romain. Une secte surgit
alors du judaïsme dont les membres sétaient
donné, ou avait reçu, le nom de Sicaires.
Dissimulé dans les plis de leur vêtement, ils portaient
un long poignard recourbé, la « sica », avec
lequel ils se jetaient par surprise sur les soldats romains pour
les assassiner. Beaucoup de ces hommes mouraient sur place, lardés
de coups dépées.
Jamais rien nest semblable, mais ce terrible clin doeil
de lHistoire devrait susciter la réflexion des dirigeants
israéliens.
* Utilisé dans le
sens de révolte ou révolution par les Arabes.
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