Comment les Israéliens continuent de grignoter
les terres des Palestiniens

mars 2016

Le gouvernement israélien a confirmé l’information annoncée par la radio de l’armée le 19 janvier dernier, à propos de la réquisition de 154 hectares de terres appartenant à des Palestiniens près de Jéricho. De leur propre aveu, les autorités de l’État hébreu s’autorisent cette saisie en s’appuyant sur une loi ottomane décrétée... en 1858.

 

 

Carte de 2005, les territoites palestiniens ( en vert) ressemblaient déjà à un gruyère

 

 

Cette législation faisait qu’une terre laissée en jachère plusieurs années pouvait revenir à l’État. En août 2014, 380 hectares avaient déjà été confisqués en utilisant la même procédure. Sans que nous sachions si c’est le cas dans ces situations précises, il faut savoir les activistes juifs semant la terreur auprès des fermiers palestiniens afin de les empêcher de cultiver leurs terres, rendant ainsi facile l’application d’une loi remontant à la période ottomane.

Ces manières de faire sont vivement dénoncées par les Nations Unies. Le secrétaire général, Ban Ki-moon, a parlé le 26 janvier « d’actes provocateurs ». Il a aussi dit : « Il est dans la nature humaine de réagir à l’occupation » et évoqué « le sentiment profond d’aliénation et de désespoir qui meut certains Palestiniens, surtout les jeunes » ( D’après le « New York Times » du 27 janvier 2016.).

Benyamin Netanyahou a accusé Ban Ki-moon d’encourager le terrorisme.


Grosse démolition de maisons palestiniennes par les Israéliens
Le 9 février, l’armée israélienne a détruit 23 maisons palestiniennes dans deux villages d’Hébron
. Une centaine de personnes se sont retrouvées sans abris. Cette zone, Masafer Yatta, est appelée par les Israéliens Zone de feu 918. Ils la disent indispensable pour l’entraînement de leur armée. Le programme comprend l’expulsion d’un millier d’autres Palestiniens.

 LA GUERRE DES COUTEAUX

En quatre mois et demi, d’après les autorités israéliennes, à la date du 19 février 31 Israéliens avaient été tués à la suite de 228 attaques au couteau commises par des Palestiniens. 174 d’entre ces derniers sont morts, abattus sur place.
D’après les statistiques, la moitié des attaquants ont moins de 20 ans. 11% sont des femmes. La plupart des agressions au couteau se déroulent en Cisjordanie, c’est-à-dire dans les territoires occupés. Ils visent en priorité, mais pas seulement, des soldats et des colons.
Il faut parler d’une nouvelle forme de guerre, une sorte d’ « intifada »
(*). Certes, la réponse violente à l’occupation et aux brimades israéliennes est induite dans la culture palestinienne. Néanmoins, à la différence des offensives précédentes suscitées, sinon soutenues, par les organisations politiques palestiniennes, la « guerre des couteaux » semble spontanée.
Les Israéliens eux-mêmes, dans leurs médias en anglais, constatent le profil surprenant des attaquants : ils n’appartiennent que rarement à des structures organisées et, pour la plupart, ils ne se sont jamais faits remarquer par des comportements agressifs ou rebelles. L’un d’eux apparaît comme particulièrement représentatif de cette tendance, le jeune Mohammed Sabaaneh.
C’est un point capital, comme le révèle les chiffres, les jeunes attaquants ont huit chances sur dix de mourir sur place. Pour cette raison, réussies ou non, ces tentatives d’assassinats sont qualifiables d’attentats-suicides.
Les Israéliens, à part le réflexe radical d’une quasi exécution immédiate sous prétexte de légitime défense, n’ont pas de réponse appropriée. Les armes, de simples couteaux, voire des tournevis, sont en effet accessibles dans le moindre atelier et dans les cuisines familiales. Le 9 février, le Premier ministre, Benyamin Nétanyahou, a donné sa formule de protection : « L’État d’Israël tel que je le vois sera entièrement clôturé (...) Va-t-on entourer tout l’État d’Israël de barrières et de clôtures ? Je dis oui. Dans la région où nous sommes, nous avons à nous défendre face à des bêtes sauvages ».
Bien sûr, les Israéliens ont le droit de se défendre. Cependant, se retranchant derrière des murs et des barbelés, ils enferment de manière un peu plus radicale les Palestiniens. Or, tous les observateurs en viennent à la même conclusion : ces attaques au couteau sont le fait de jeunes qui ne voient aucune chance de sortir de leur claustration. Cela génère des pulsions de colère irréductible à la moindre frustration face à l’arrogance israélienne. En clair, la méthode Nétanyahou renforce le danger.
Mieux que d’autres, pourtant, les Israéliens, les juifs en général, devraient comprendre. Au cours du 1er siècle de l’ère chrétienne, à plusieurs reprises leurs ancêtres se révoltèrent contre le pouvoir de l’occupant romain. Une secte surgit alors du judaïsme dont les membres s’étaient donné, ou avait reçu, le nom de Sicaires. Dissimulé dans les plis de leur vêtement, ils portaient un long poignard recourbé, la « sica », avec lequel ils se jetaient par surprise sur les soldats romains pour les assassiner. Beaucoup de ces hommes mouraient sur place, lardés de coups d’épées.
Jamais rien n’est semblable, mais ce terrible clin d’oeil de l’Histoire devrait susciter la réflexion des dirigeants israéliens.
* Utilisé dans le sens de révolte ou révolution par les Arabes.

Centre de Recherches sur le terrorisme depuis le 11 septembre 2001
 www.recherches-sur-le-terrorisme.com

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