Le 15 juin 2004, dans une salle du VIIème
arrondissement de Paris, quatre
anciens des Moujahidine-e-Khalq s'adressaient à la
presse:
- Hadi Shams Haeri, ex-membre du Comité central, a quitté
l'organisation en 1991.
- Ali Akbar Rastgout, était chargé par les Moujahidine
d'obtenir le soutien d'hommes politiques influents en Allemagne.
II a démissionné en 1997.
- Mohammed
Hossein Sobhani, responsable
de la sécurité, a été emprisonné
pendant plus de deux ans quand il a annoncé sa volonté
de quitter l'organisation.
- Massoud Khodabandeh, responsable de la sécurité
rapprochée de Maryam et Massoud Rajavi, a profité
d'un voyage en Europe pour s'enfuir en 1995.
Pendant deux heures,
racontant leurs expériences, ils ont plongé l'auditoire
dans l'horreur. Ils ont décrit la détention
des mécontents, la torture et des traitements inhumains
infligés à ceux qui voulaient démissionner,
un univers dominé par la personnalité dictatoriale
du couple Rajavi. Ils ont évoqué le recrutement
forcé des prisonniers de guerre iraniens envoyés
combattre ensuite contre leur propre pays. Ils ont expliqué
comment Massoud Rajavi avait brisé les familles des Moujahidine,
obligeant les époux à divorcer, envoyant
leurs enfants à plusieurs milliers de kilomètres
dans des familles d'adoption.
Ils accusent aussi leurs
anciens compagnons de mener des actions terroristes, au sens le plus strict du terme,
en lançant des attaques aveugles dont les civils
sont les victimes.
|
Deux jours plus tard, autre décor.
A Auvers-sur-Oise les Moujahidine-e-Khalq (MEK ou MKO)ont organisé
un show.
Sur deux écrans géants,
servis par d'énormes camions de régie, on voit
le visage des orateurs, qui chauffent le public, affirmant avec
aplomb, "Les Moujahidine ne sont pas des terroristes."
L'auditoire vient de toute l'Europe, formé d'une
diaspora détestant les ayatollahs mais gardant
l'amour de son pays au coeur.
On fait sans peine la différence entre eux et les
Moujahidine. Quand ces derniers présentent des
visages durs au regard vide, les autres paraissent insouciants,
réunis ici comme pour une fête champêtre.
Leur parlant, on se rend compte, ils ne connaissent rien de
l'organisation qui les accueille.
Devant, protégés par
des barrières métalliques et le service d'ordre,
les invités de marque. Là, surprise, on reconnaît
Patrick Baudouin, président d'honneur de la FIDH
(Fédération Internationale des Droits de l'Homme),
et William Bourdon, son ancien secrétaire général.
Quelques jours plus tôt, avec Henri Leclerc, président
d'honneur de la LDH (Ligue des Droits de l'Homme), ils
ont signé une page de publicité dans Le Figaro
pour demander la reconnaissance par la France des "Moujahidine-du-Peuple
d'Iran comme une organisation politique légitime."
Participent aussi à la fête: Mouloud Aounit,
secrétaire général du MRAP (Mouvement
contre le racisme et pour l'Amitié entre les peuples),
accessoirement candidat du Parti communiste aux élections
régionales. Georges Hage, membre communiste du
Parlement européen. Jean-Luc Melanchon, député
socialiste Alain Vivien, autrefois ministre et député
socialiste. Dernier chic. Danielle Mitterrand a envoyé
un message de soutien vidéo, au nom de son organisation
France Libertés. Comme une autre diva, José
Bové, l'anarcho-syndicaliste paysan.
On se demande comment ces défenseurs
patentés des libertés peuvent se retrouver
ici pour défendre l'indéfendable.
II est vrai, leurs causes sont sélectives. Henri Leclerc
a laissé tomber Samir Geagea,
emprisonné au Liban pour des crimes dont il est
innocent. II avait le tort de vouloir protéger les chrétiens.
Madame Mitterrand vénère les Kurdes, pas
des saints pourtant, et célèbre Fidel Castro.
Devant lui, le 10 février 2003 encore, elle disait dans
un discours public prononcé au Palais des Congrès
de La Havane: "Les Cubains, les Cubains de Cuba, fiers
de leur révolution sociale, savent qu'ils ne sont plus
seuls. En revendiquant leur dignité, ils s'associent aux
revendications de tous les peuples opprimés et rejoignent
les bâtisseurs du monde de demain..."
II faut cependant à ces gens
une motivation fédératrice. On comprend
au détour d'un document publié en novembre 2003
par la Ligue des Droits de l'Homme. "Contre les charters
de l'humiliation," clame le titre. Comprenez non au
renvoi chez eux des immigrés illégaux. Unis comme
les doigts de la main, on retrouve parmi les signataires la FIDH,
France-Libertés, le MRAP, la Confédération
Paysanne de Bové, le PCF et ATTAC, organisation
d'extrême gauche passée sous le contrôle d'un
ancien communiste, Jacques Nikonoff.
L'affaire devient limpide. Pour la protection des Moujahidine
du peuple (Moujahidine-e-khalq), l'extrême gauche
mène la danse. Comme autrefois,quand la gauche se
laissait séduire par le sanglant Pol-Pot.
Les Moujahidines du peuple (Moujahidine-e-Khalq)
à Auvers-sur-Oise, le 17 juin 2004
|
Les transfuges des Moujahidines
du peuple : Haeri,Sobhani,Khodabandeh à Paris
le 17 juin 2004
|
Maryam
Rajavi, prononçant son discours à Auvers-sur-Oise
le 17 juin 2004
|
- MEK abréviation de Moujahidine-e-Khalq
ou Moujahidine du peuple ou encore
- Moudjahidine du peuple d'Iran
dirigé par Massoud et Maryam Rajavi (Radjavi)
|