Nous avons obtenu ce document en exclusivité. Ecrit par Ahmed Zaydan, (Ahmed Zaidan) correspondant à Islamabad (Pakistan) de la chaîne de télévision satellitaire Al Jazeera, il traduit lun des points de vue les plus courants dans la région à légard des Américains, de leur présence en Irak et en Afghanistan. Nous avons sélectionné et traduit quelques passages de référence. Nous ne garantissons aucune des informations contenues dans ce document mais estimons utile de vous en donner une idée pour mieux comprendre létat desprit régnant dans cette partie de lAsie. Les allégations incriminant Al Qaïda dattaques sur le territoire iranien nous semblent dimportance tant, vraies ou fausses, elles ont de signification politique sous la plume de lauteur. |
octobre 2004
|
« nous parlons de « retour des bannières noires » parce quelles sont le symbole commun à toutes les forces hostiles à la présence américaine en Afghanistan. Elles arborent le turban noir et croient au « hadith » (1) de Mahomet qui dit : « Si vous voyez les bannières noires venant du Khorasan (2), allez à leur rencontre, car le calife (3) dAllah, le Mehdi (4), est parmi elles », daprès Ibn Majah (5) Le Turban des Taliban est noir, comme celui dHekmatyar (6) et Al Qaïda porte haut des drapeaux noirs en particulier pendant ses séances dentraînement. »
Dans cette partie du livre, lauteur décrit et explique la montée en puissance des Taliban. Il donne aussi un aperçu sur leur manière de gouverner. « La plupart des responsables, remarque-t-il, viennent de la ville de Kandahar (7) et appartiennent à la tribu des Douranis (8)... Le mouvement jouit dune réserve inépuisable de recrues dans les madrasas (9) pakistanaises, que certains décrivent comme des producteurs de « graines du terrorisme » et dautres de « graines du jihad » en fonction de leurs opinions » |
|
Page 61
« Les wilayats (10) comme Kandahar, Khost, Zaboul, Ghazni (11) sont restés favorables aux Talibans. Dabord pour des raisons ethniques (les Taliban étant issus des tribus de ces régions). Ensuite en raison de la marginalisation politique dont leurs habitants souffrent face à Kaboul. Enfin, en raison du sang versé avec les combattants arabes au cours des batailles livrées ensemble pendant le jihad afghan. Cette relation a un sens quasi sacré pour les tribus pachtounes et les pressions américaines ont peu deffet sur une population fascinée par lesprit de défi guerrier. Depuis leur chute (fin 2001), la première résurgence des Taliban, du moins sur un plan médiatique, est signalée par un communiqué publié dans le journal pakistanais « The News, » daté du 7 février 2003 « Les Taliban nont pas pu revenir sur la scène sans lappui et la bienveillance du Pakistan. Leurs responsables parlent dorénavant avec les journalistes basés au Pakistan par lintermédiaire de téléphones satellites. Contrairement à la situation prévalant à la chute du gouvernement afghan, les journalistes appellent sans crainte les représentants des Taliban. Si le Pakistan menace Al Qaïda du bâton, pour complaire aux Américains, il donne la carotte aux Taliban Les Taliban ont travaillé à attirer la classe des maoulaoui (12) et des ouléma (13) afghans dans leurs rangs. Ils sont parvenus à obtenir la signature dune fatoua (14) par plus de 600 oulémas connus venant dune trentaine de wilayats. Cette fatoua, qui appelle au jihad contre les forces américaines présentes en Afghanistan, circule à travers le pays, plus particulièrement dans les régions du nord Les Taliban, a révélé le journal Pakistanais Stateman, ont publié un bi-mensuel nommé « Mason » ou lApparition. Trois numéros sont sortis des presses pour être distribués à des personnalités ciblées. On sattend prochainement à une vente publique de cette publication. En outre, ainsi quà dautres journalistes des chaînes de télévision par satellite, les Taliban mont remis des vidéos prises pendant leurs opérations à lintérieur de lAfghanistan Ils distribuent aussi des communiqués et tracts, « Chab Nameh » en persan ou « lettres nocturnes. » Selon le Général Hamid Gul, 700 soldats américains ont été tués depuis le début de la guerre contre les Taliban et Al Qaïda Selon nos informations, les Talibans agissent par groupes dune vingtaine de combattants sous le commandement dune personne aux ordres dun commandement régional. Celui-ci reçoit des ordres quotidiens pour appliquer la stratégie du mouvement décidé par le conseil consultatif formé par le mollah Mohammad Omar au début de 2003. Ces groupes disposent de liaisons radio et de téléphones par satellite pour communiquer avec le quartier général. Toujours selon nos informations, les Taliban agissent de nuit pour attaquer les convois de ravitaillement et les positions gouvernementales. Les opérations suicides, par contre, sont réalisées en plein jour. En septembre 2003, une opération menée par les talibans à Zaboul a attiré lattention. Plus de 400 combattants ont attaqué un poste militaire gouvernemental et tué 29 soldats. Puis ils ont hissé leur drapeau et désigné un nouveau gouverneur pour la région... Le 17 octobre 2003, lassistant du ministre de la Défense américaine a affirmé les forces de son pays prêtes à répondre à toutes les attaques des Taliban à lintérieur de lAfghanistan. Cela prouve bien que ces dernières sont passées de la défensive à loffensive. La tentative américaine déradiquer les Talibans se solde donc par un échec... Dans ce contexte, les forces américaines et le gouvernement afghan multiplient les actions pour tenter darrêter les opérations des Taliban à lintérieur du pays et interrompre leurs infiltrations et celles dAl Qaïda à partir du Pakistan. Daprès les confidences dune source gouvernementale à lagence pakistanaise On Line, le pouvoir de Kaboul aurait lintention de bâtir un mur de béton (sur la frontière) entre les agglomérations de Tchaman et Spin Boldak, soit une ligne de fortification de 40 km de long pour empêcher les infiltrations. Cela reste théorique car il est difficile de couper les tribus (à cheval sur la frontière).
Des sources proches dAl Qaïda mont révélé quau début des bombardements américains sur lAfghanistan, Oussama Ben Laden a offert à Hekmatyar (15) de rentrer en Afghanistan. Il a organisé pour lui les modalités du retour Jusquà aujourdhui,
on ne sait pas si Hekmatyar est à lintérieur
de lAfghanistan ou dans la zone tribale (au Pakistan)
même si la cassette vidéo que jai
reçue de sa part a été prise
de toute évidence en Afghanistan. Ces derniers ont mené un grand
nombre dopérations contre les forces américaines.
Leur stratégie consisterait à cibler celles-ci
en évitant de toucher des Afghans. Cependant, cela semble
impossible en raison de la faiblesse des effectifs américains
à lintérieur de lAfghanistan. En outre,
comme les autres opposants (aux Américains), Hekmatyar
craint que ces attaques ne renforcent le rôle des forces
afghanes qui risquent de faire barrage entre eux et les troupes
américaines. Des informations me sont parvenues
révélant le financement de certaines opérations
du Hezb-e-Islami par Al Qaïda. Les forces américaines
ont arrêté le gendre de Hekmatyar, Bahir, espérant
obtenir de lui des informations sur le lieu où se cache
Hekmatyar. Le FBI a contribué à larrestation
et Hekmatyar a écrit au premier ministre pakistanais,
en septembre 2003, pour lui demander dintervenir afin de
faire relâcher son gendre. Le pouvoir pakistanais na
pas bougé, car il connaît les limites à ne
pas franchir dans sa relation avec les Etats-Unis. Ce document de 16 pages donne des conseils tactiques, des informations sur le genre darmes à utiliser, sur le choix des cibles, sur les forces de lalliance du nord (NDT : forces gouvernementales). Dans ce texte on note du nouveau pour la mentalité afghane. Les soldats des pays alliés des Etats-Unis, comme le Tadjikistan, le Pakistan, lOuzbékistan, et même lIran qui cherche à convaincre les chiites afghans de soutenir les forces du nord (NDT forces gouvernementales) y sont désignés comme des cibles licites (NDT : légitimes au regard du droit islamique). Al Qaïda Des groupes opposés à
la présence américaine en Afghanistan, le plus
dangereux est probablement Al Qaïda. Bien que bénéficiant
de la coopération internationale, lAmérique
na pas réussi à percer ses secrets, ceci
en dépit de ses opérations de recherche et des
arrestations. On a vu des exemples concrets de cela au cours de la bataille de Chah-e-Kot (18) .
Les opérations suicides contre les alliés à Kaboul portent la marque dAl Qaïda, ce qui a été avoué devant moi par des sources proches de cette organisation. Psychologiquement, les Afghans ne sont pas encore prêts à de telles actions bien que, récemment, ils aient attaqué de cette manière des Américains et des Canadiens. En raison de son expérience dans le domaine des opérations suicides, Al Qaïda a essayé denvoyer des experts en Iraq pour entraîner des jeunes du pays. Ceci pour répondre à la demande de certains partis islamistes irakiens, qui craignent que lintervention directe dAl Qaïda avec ses propres troupes ne donne des arguments aux Occidentaux et aux régimes arabes, ces derniers considérant toute intervention dAl Qaïda comme terroriste. Ces partis demandent à lorganisation de Ben Laden de se limiter à inciter la Oumma (19)à combattre. Pour ces raisons Al Qaïda na fait quoffrir ses conseils à la résistance irakienne tout évitant den parler dans les médias. Cependant, au cours des derniers mois, elle aurait changé de stratégie et commencé à agir en Irak en coordination avec des groupes islamistes alliés comme le mouvement kurde Ansar al Islam, dont elle a par ailleurs entraîné la majorité des membres en Afghanistan. Le 19 octobre 2003, cela na pas empêché Oussama Ben Laden dadresser un message au peuple iraqien dans lequel il qualifie les Kurdes de fils de Saladin. dans ce document écrit par lun des responsables dAl Qaïda, Abou Moussaab Al Zarqaoui, de son vrai nom Ahmad al Khalayla, il invite à frapper les chiites iraqiens. Cela demande des éclaicissements. Les
attentats suicides qui ont touché les mosquées
de Kerbala et de Bagdad le 2 mars 2004, au moment
de la fête de lAchoura
(20) , ont engendré une situation
nouvelle. Surtout après les accusations portées
par Sistani (21) , lIran et Hassan
Nasrallah (22) qui accuse Al
Qaïda dêtre responsable de ces attaques.
Ceci trahit la complexité des relations entre Téhéran
et Al Qaïda quand on sait que cette organisation a
effectué plusieurs attentats à lintérieur
de lIran en réponse à larrestation,
ou comme le disent les membres dAl Qaïda « le
kidnapping, » de plus de 150 de ses cadres
réfugiés à Téhéran
depuis la chute de lAfghanistan. Parmi eux, nous pouvons
citer les noms du responsable du service de sécurité
dOussama Ben Laden, Seif el Adl, du
porte-parole dAl Qaïda, Abou Ghaith, du
leader égyptien Abou Mohammad et des trois fils
dOussama Ben Laden. Les efforts déployés
pour inciter lIran à les libérer nont
pas abouti. La déclaration de Kharrazi (23)
, évoquant la possibilité de les juger sur
le territoire iranien, inquiète Al Qaïda au plus
haut point. Elle a alors exécuté plusieurs
attaques sans en revendiquer la paternité. Elle est aussi responsable de lopération suicide contre un train iranien qui transportait du matériel militaire et qui a explosé touchant des civils. Daprès des confidences reçues de sources proches dAl Qaïda, les membres de lorganisation avaient placé plus de 30 charges explosives au départ à Téhéran. Puis ils ont contacté la Présidence de la République pour len informer, la menaçant de conséquences graves si ses membres nétaient pas libérés. Lun des responsables militaires dAl Qaïda a rejeté toute responsabilité dans lassassinat de Baqer Al Hakim (25) . Pourtant, les mêmes sources proches dAl Qaïda, mont affirmé le contraire Ce qui a courroucé Al Qaïda
ce sont les déclarations de Mohammad Ali Abtahi,
vice-président iranien, quand il a déclaré
au Centre des Etudes Stratégiques aux Emirats Arabes Unis,
en février 2004 : « Sans le soutien
iranien en Irak et en Afghanistan, les forces américaines
ne parviendront pas à stabiliser la situation. »
Al Qaïda dispose de beaucoup dindices
et de preuves révélant limportance de la
collaboration iranienne avec les forces doccupation
(en Irak et en Afghanistan). Certains estiment quAl Qaïda a voulu exaspérer la situation en Irak pour fixer les troupes américaines dans ce pays et éviter larrivée de nouvelles troupes en Afghanistan. The New Yorker, journal américain, avait parlé du déploiement prochain du régiment US 121 en Afghanistan pour participer à loffensive de printemps contre les chefs dAl Qaïda. Les attentats contre les chiites dIrak ont obligé Washington à reporter lopération. En même temps, ces événements saccompagnaient du rappel de 18 mille membres de la garde nationale américaine en Irak » (Lauteur implique aussi Al Qaïda dans les tentatives dassassinat contre le Président Moucharraf au Pakistan). « Il sest avéré plus tard que lexécutant de lattentat contre Moucharraf, un Pakistanais du nom de Mohammad Jamil, appartient au « Jaych Mohammad », organisation bannie depuis janvier 2002 et qui a des relations avec Al Qaïda. Mais un appareil de brouillage électronique était monté sur la voiture du Président, destiné à retarder léventuel signal de mise à feu dune bombe placée sur la route. Cet équipement de fabrication israélienne a sauvé la vie de Moucharraf La majorité des chefs des mouvements proches dAl Qaïda ont réussi à se cacher jusquà présent en dépit des recherches de larmée pakistanaises. La plupart des chefs et activistes de lorganisation qui ont été capturés au Pakistan, étaient abrités par les mouvements islamistes pakistanais y compris chez Qadi Hussein Ahmad, le chef du Jamaat. Khaled Cheikh a été arrêté dans une maison appartenant à la Jamaat et Abou Yasser Aljazairi à Lahore dans la demeure dun militant de la Jamaa
La majorité des Afghans se sentira encouragée quand elle verra des éléments arabes combattant dans son pays, donnant à la résistance la même légitimité que pendant la lutte contre loccupation soviétique, quand des milliers de jeunes Arabes ont accouru et combattu dans les rangs des moujahidine. Au long des années, la relation
entre combattants arabes et afghans sest renforcée
au point que le pouvoir des Taliban sest sacrifié
plutôt que de livrer Oussama Ben Laden.
La zone tribale (28), bouclier dAl Qaïda et Taliban
Le Pakistan voyait dans les Taliban un allié loyal et sûr, lui qui craint lInde, surtout depuis lérection dun axe politique entre les Etats-Unis, Israël et lInde Bahram Khan, lun des chefs les plus connus de la zone tribale, dit que les gens du Waziristan (29) considèrent Oussama Ben Laden et ses hommes comme des héros islamiques. Ces derniers sarrêtent quelques jours chez eux comme hôtes et payent en guise de dédommagement dix à vingt mille roupies, léquivalent de 380 dollars, « puis ils quittent sans causer aucun dégât ni déséquilibre dans lordre tribal. » Bahram ajoute : « Les Arabes et les Afghans étaient ici ensemble pendant le jihad contre les Soviétiques. Nous les avons alors accueillis. Maintenant ils sont chez nous. Rien na changé pour nous. Cest du côté des Américains et des Pakistanais que les choses ont changé. » Al Majjala (un magazine pakistanais) rapporte des témoignages de gens de la région. Ils disent avoir vu Oussama Ben Laden après les bombardements américains sur Tora Bora en octobre 2001 (NDT en Afghanistan). Il est difficile de vérifier ces témoignages. Cependant, le magazine affirme quun certain Nour Zaman a alors croisé le chef dAl Qaïda se dirigeant vers le mont Soleiman. « Des habitants de lendroit se sont approchés de lui, rapporte-t-il. Jétais parmi eux. Nous avons crié : « Oussama le héros, Oussama le héros. » Il nous a serré la main et a disparu vers la montagne ». Nour Zaman continue : « Un de mes parents a reçu dans sa maison un combattant arabe. Après son départ, ils ont pris leau quil a utilisée pour ses ablutions et pour laver ses vêtements et lont répandue dans la maison pour la bénir. Beaucoup de gens de la région manifestent dorénavant un grand respect à légard de ce membre de ma famille pour avoir reçu cet Arabe sous son toit » Selon le témoignage des habitants, Al Qaïda et les Taliban achètent des armes en grandes quantités augmentant ainsi leur valeur marchande et celle des munitions. Le prix des Kalachnikov a doublé, celui des balles a été multiplié par quatre Comme autrefois les Britanniques, le Pakistan détruit les maisons des gens soupçonnés davoir accordé lasile ou un soutien à Al Qaïda et aux Taliban. Le 10 novembre 2003, un journaliste pakistanais a demandé publiquement à Massoud Khan, le ministre des Affaires étrangères de son pays : « Quelle est la différence entre la destruction par le Pakistan des maisons des hommes de la zone tribale, sous prétexte quils abritent des membres dAl Qaïda et la destruction des maisons des familles de Palestiniens auteur dattentats ordonnée par le Premier ministre israélien Ariel Sharon? » La coopération du Pakistan avec les USA est de plus en plus mal perçue car elle blesse la fierté nationale et met en danger, à leurs yeux, la sécurité du pays. Des politiciens pakistanais commencent à manifester leur mécontentement contre la présence et lactivité des Indiens et des Américains en Afghanistan et en Asie centrale. Certains perçoivent cela comme un encerclement militaire et économique. Les Pakistanais, en soutenant les Taliban, sassuraient un débouché commercial vers ces anciennes Républiques dAsie centrale et souvraient ainsi un accès aux réserves dénergie. Ils nourrissaient lespoir de faire transiter gaz et pétrole à travers le Pakistan. Mais, aujourdhui, lInde, elle aussi inquiète dassurer ses approvisionnements énergétiques, renforce ses liens avec ces pays... Ce pays a positionné une de ses unités militaires dans les années 90 au Tadjikistan Il y a aussi des bases indiennes au Kirghizstan et en Ouzbékistan La tenaille renforce sa prise sur le Pakistan avec la présence indienne en Afghanistan Les milieux pakistanais estiment louverture de trois consulats indiens en Afghanistan destinée à exciter les Afghans contre leur pays à propos du conflit latent relatif au tracé de la frontière Le Pakistan voit aussi dun mauvais il les relations qui se nouent entre Israël et lAfghanistan, Israël étant un allié de lInde, sa présence en Afghanistan est une menace pour la sécurité nationale. Les rencontres du ministre afghan des Affaires étrangères, Abdallah Abdallah, avec Silvan Shalom, son alter ego israélien, en Asie centrale celle du président Karzaï avec le ministre israélien Nathan Charansky au Kazakhstan fin juin 2003 tout cela nourrit linquiétude pakistanaise de voir lAfghanistan devenir une base arrière de ses ennemis indien et israélien. Les déclarations des officiels afghans en faveur dIsraël augmentent la distance entre le gouvernement de Kaboul et son peuple, qui lui naime pas lEtat hébreu et soutient les causes arabes
En Afghanistan, les pachtouns se
sentent marginalisés et en sont très mécontents
La corruption des gens issus de lAlliance du Nord accentue
leur colère
(Un groupe) avec à sa tête
le maréchal Mohammad Qassem Fahim Khan, achète
terrains et maisons à Kaboul. On les appelle la « mafia
de limmobilier. » Ce type de groupes exerce
des pressions, tantôt terrorisant les gens, dautres
fois cherchant à les séduire pour obtenir leurs
biens à bas prix. Le ministre de la Défense, par
exemple, possède une rue entière dans le quartier
de Wazir Akbar Khan, lun des plus chics de la capitale
60% des revenus de lAfghanistan proviennent du trafic de la drogue. Il permet aux Taliban de sapprovisionner en armes. Cette drogue arrive en Europe via la Russie, la Turquie et les pays du Balkans. Elle représente un prix de vente de 2,5 milliards de dollars par an On reproche aux Américains
de concentrer leurs efforts sur ce quils appellent le terrorisme
sans prendre en considération ses causes. Les aides votées
par le Congrès américain pour lAfghanistan
sélèvent à 13 milliards de dollars.
Elle sont utilisées pour couvrir les dépenses militaires
et ne contribuent en rien à lamélioration
du quotidien des Afghans. Résultat, ils ne voient pas
de différence entre le régime des Taliban et lactuel
gouvernement sur le plan des services et du développement
économique. En visite en Afghanistan en septembre 2003, Rumsfeld, interrogé sur ses intentions concernant la lutte contre la drogue a répondu : « franchement, je ne sais pas. » Les ONG américaines et internationales se plaignent de la lenteur des forces US qui détiennent lautorité et largent pour ordonner lexécution de projets humanitaires en Afghanistan. Ne serait-ce que pour creuser un puits, il faut une douzaine de signatures du Pentagone et au moins trois mois pour le voir terminé. Tout cela favorise démergence dune économie parallèle, qui menace léconomie légale et gangrène tous les autres domaines de la vie sociale De différentes sources afghanes jai appris que les Taliban et dautres forces opposées à loccupation offraient de la drogue aux troupes américaines comme le faisaient autrefois les moujahidine avec les occupants russes. Hamid Mir, un journaliste pakistanais de grande renommée, ma révélé que, traversant la Kunar au cours de lété 2003, il avait rencontré des membres arabes dAl Qaïda en possession darmes américaines sophistiquées. Ils ont dit les avoir obtenues en les échangeant contre de la drogue avec des soldats américains.
Les seigneurs de guerre sont toujours puissants et représentent un obstacle à létablissement de lautorité gouvernementale et à linstauration de la sécurité Selon les estimations les miliciens seraient plus dun demi million... les tentatives de désarmement échouent donnant lieu à des affrontements causant des dizaines de mort en une seule journée. Comme par exemple le 1er novembre 2003 quand 47 personnes sont mortes et plusieurs dizaines ont été blessées pour cette raison à la suite daffrontements
Les attaques des Taliban ont fait plus de 300 morts de part et dautre jusquen septembre 2003. Ils opèrent sur les routes reliant les villes afghanes, surtout entre Kaboul et Ghazni, Kandahar, Gardez. Cela gène le ravitaillement des forces américaines. La route Ghazni-Kandahar a été sous contrôle Taliban pendant plusieurs jours. Leur pression saccentue sur les forces gouvernementales qui, chaque fois, sont obligées de réclamer laide des forces américaines. Les Taliban sen prennent aussi aux ONG internationales quils considèrent comme leur étant hostiles du fait de leur financement par lOccident, plus particulièrement par les Etats-Unis. Ainsi un nombre important de membres de ces ONG ont été la cible de leurs attaques Durant les deux premiers mois de 2004 ,12 employés dONG sont morts. Lobjectif évident de ces opérations est de détruire les projets de reconstruction dirigés par les forces américaines et afghanes Selon un rapport des Nations Unies,
un tiers du territoire afghan est considéré comme
dun accès dangereux pour les ONG distributrices
daides
Les madrasas (9) sont considérées par les Occidentaux et surtout les Américains comme des bases arrières des Taliban. Ces écoles ne cachent pas leur soutien à ces derniers. Beaucoup des chefs de ceux-ci sont sortis de ces écoles, et un grand nombre de petits Afghans y étudient actuellement Il existe 25 000 écoles coraniques non déclarées au Pakistan, selon le ministère des Affaires religieuses. 10 à 15% dentre elles pratiquent une politique militante discriminatoire à légard des autres courants religieux. Le revenu de ces écoles est important et atteindrait le milliard de dollars. Leurs directions ont refusé de soumettre leur comptabilité aux autorités, comme le leur ordonnait le Président Moucharraf. Moucharraf admire lexemple dAtatürk cela déplaît aux islamistes, surtout au Pakistan. Le fossé se creuse entre eux et larmée au pouvoir, plus particulièrement depuis lalignement du gouvernement sur les Etats-Unis dans la guerre contre Al Qaïda et les Taliban. Les actions de larmée contre les groupes islamistes cachemiris, très proches des groupes islamistes pakistanais, ajoutent encore à la mésentente... Les forces islamiques senracinent de plus en plus au Pakistan et la haine de lAmérique va croissante. Paradoxalement, cela renforce aussi Moucharraf vis-à-vis des Américains qui peut leur dire, cest moi ou les islamistes Les amis des islamistes au sein de
larmée ont apparemment bien conseillé leurs
protégés. En octobre 2001, ces derniers ont réussi
à rassembler tous les groupes islamistes dans une même
formation appelée « le conseil de défense
de lAfghanistan et du Pakistan ». 26 partis
y figurent.
En deux ans de présence américaine, les forces doccupation nont dépensé que 600 millions de dollars pour des projets de reconstruction intangibles au regard des Afghans, tandis quelles ont dépensé 9 milliards de dollars pour financer leur propre entretien et leur effort militaire Que répondre à Oussama Ben Laden quand il affirme que la guerre menée par Bush nest quune croisade? Beaucoup dAfghans rencontrés au cours de mes déplacements disent quils avaient soutenu les Américains contre les Taliban espérant pouvoir bénéficier dune vie meilleure. Ils se plaignent maintenant que leur situation a empiré. Ceux qui étaient rentrés du Pakistan, où ils sétaient réfugiés, y sont retournés faute de trouver des écoles et des hôpitaux dans leur pays. Selon des sources pakistanaises, le nombre des tués depuis larrivée des forces américaines et jusquen février 2004, sélève à 70 000 civils
Les Américains ont démontré quils étaient incapables de traiter deux crises en même temps. Les responsables afghans les avaient pourtant prévenus, les engageant à ne pas ouvrir un second front en Irak. La guerre en Irak a donné du souffle aux forces anti-américaines en Afghanistan. Le chaos qui a suivi loccupation américaine de lIrak a permis à Al Qaïda denvoyer des hommes là-bas, dans un premier temps, puis de lancer des opérations dans des pays voisins comme lArabie Saoudite
Mollah Omar est apprécié parce quil est resté fidèle à ses principes et na pas trahi Oussama Ben Laden. Il ne recherche pas un profit personnel et a montré sa capacité à éviter de tomber dans les mains des Américains Un journaliste pakistanais ma rapporté quun jour il a rencontré Akhtar Mohammad, le conseiller financier de mollah Omar. Cétait en novembre 2003. Il avait avec lui un ordinateur pentium 4 et se déplaçait dans des voitures neuves. Les chefs des Taliban, selon ce journaliste, communiquent entre eux à laide dordinateurs et se servent dInternet. » |
(Cette interview
a été accordée à lauteur pour
la chaîne de télévision Al Jazeera en Afghanistan.
Nous vous donnons la traduction de quelques passages).
Il semble quil existe deux tendances en Iran en ce qui concerne les Etats-Unis. Lune soutient le jihad contre lAmérique, lautre croit nécessaire de collaborer avec les Américains pour atteindre les objectifs politiques de lIran »
Texte en arabe. Traduction effectuée par le «Centre de Recherches sur le Terrorisme depuis le 11 septembre 2001. » Tous droits réservés.
|
www.recherches-sur-le-terrorisme.com |