de croissant chiite ! |
Le 27 août, les rebelles au régime syrien (1) concluaient un nouveau cessez-le-feu avec le pouvoir à Zabadani et dans deux villages chiites de la province dIdleb, Foua et Kefraya. Comme nous avons décrypté le jeu israélien en Syrie (2), nous jetons aujourdhui un éclairage sur celui de lIran dans ce pays. Cet accord, comme plusieurs signés précédemment, a peu de chance de perdurer. Pour une raison simple : si les combattants des deux camps sont à bout de forces, plus que le pouvoir syrien réduit à la survie, lIran, son principal allié, nourrit des ambitions auxquelles il nest pas prêt de renoncer sur tout le Cham (3). Déjà, début août, une tentative daccord avait échoué. Dans un communiqué en arabe daté du 5 de ce mois, le chef de Ahrar Ach Cham Al-Islamiyya (le Mouvement islamique du Cham islamique) (4), un mouvement de lopposition, expliquait la raison de cet échec. « La Syrie, disait-il, est sur le point de traverser une période critique en raison du découpage en cours et des changements démographiques en marche. Un plan consistant à forcer les sunnites à lexil de Damas, dans les alentours et dans les régions frontalières du Liban, atteint sa phase finale ». La guerre force à apprendre la géographie. Lauteur des mots cités plus haut fait remarquer que Zabadani, enjeu du cessez le feu, est situé à une dizaine de km de la frontière du Liban. Cest une zone de résistance face à lIran et à ses alliés sur la route de la Ghouta (5), autre bastion rebelle qui, lui, encercle les positions du pouvoir à Damas. De manière révélatrice, pour accepter le cessez-le-feu, les Iraniens et leur allié, le Hezbollah libanais, exigeaient le départ des combattants de Zabadani, mais aussi de la population civile. Les rebelles ne sont pas idiots. Ils ont compris quune autre population allait remplacer les partants. Les villageois chiites de Foua et Kefraya, auxquels les Iraniens voulaient aussi faire quitter leurs maisons, selon les termes de laccord refusé. Certes, cétait affaiblir les positions gouvernementales dans la région dIdlib, en déplaçant une population qui lui est favorable, mais les Iraniens savent les sunnites trop forts dans cette zone pour tenir. En dautres termes, ils concentrent leurs forces et celles du régime dans les régions pour eux stratégiques, les abords du Liban, et pour cela cherchent à y transférer des populations qui leur sont favorables. Ainsi, ils veulent échanger les chiites des villages éloignés contre des sunnites, principaux adversaires du régime, qui résident dans ces régions stratégiques. Cette âpreté manifestée
pour atteindre lobjectif dune zone de concentration
chiite aux abords du Liban peut surprendre lOccidental
peu au fait des réalités politiques du Moyen-Orient.
La région du Zabadani
jouxte Si le Hezbollah ne contrôle pas tous les rouages du pouvoir libanais, il pèse néanmoins dun poids considérable sur les décisions. Cette situation est elle-même cause de frictions avec les différents adversaires de ce parti : les sunnites généralement, la plus grosse partie des chrétiens, regroupés derrière le parti des Forces libanaises, et même de plus en plus de chiites. Au Liban, la puissance du Hezbollah,
même confortée par sa force militaire, apparaît
donc précaire. Or, son engagement en Syrie aux
côtés du pouvoir menacé mine cette puissance
éparpillant ses troupes. Pire pour lui, avec lautorité
de Damas, il a perdu la plus grande partie du territoire
syrien. Il en est réduit, avec lIran, comme
nous lavons vu plus haut, à concentrer les populations
qui leur sont fidèles dans moins de 5% du territoire.
Pour le Hezbollah, cest un échec dont il résulte
un affaiblissement. Voila
pourquoi, en Syrie, le Hezbollah saccroche
autant quil le peut. Voilà aussi pourquoi il cherche
à se renforcer
Sil est certain que lIran se sert du Hezbollah pour prendre un nouveau morceau de croissant chiite, il pourrait leur passer à tous les deux en travers de la gorge. Surtout pour le Hezbollah qui, lâché par Téhéran, se réveillerait dindon de la farce.
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