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novembre 2011
Le
Niger, pays pauvre et enclavé dans les terres, na
pour grand large que le fleuve dont il porte le nom, et, dans
une LISLAMISME PROGRESSE Islamisé depuis plusieurs siècles, les Nigériens nen pratiquent pas moins une version très libérale de cette religion. Nous en voulons pour preuve la forte consommation dalcool. Cette situation déplait dans les pays arabes comme les émirats du Golfe, le Qatar et lArabie Saoudite. Forts de leurs pétro-dollars, ceux-ci multiplient sur place les ONG religieuses à façade caritative chargées de stimuler la ferveur des mahométans. Les ayatollahs iraniens sintéressent aussi au Niger. Dans ce pays sunnite, ils financent plusieurs entités chiites dont deux publications, lune sappelle « Assaqaleyne », un centre de reprographie (Imam Baqir), le lycée Az-Zahrah, et deux écoles à Niamey. Le chef de la communauté, El Haj Salifou Ahmed, est aussi appelé le cheikh de Lazaret, du nom du quartier où il oeuvre. Dans la littérature produite par ces Nigériens convertis au chiisme, on lit, bien sûr, des envolées en faveur de lexégèse chiite, mais aussi des attaques violentes contre les Occidentaux, qualifiés de colons barbares, et contre les juifs en tant que tels. Résultat, chose inconnue autrefois au Niger, parfois on voit dans les rues des femmes lourdement voilées à liranienne ou à la saoudienne. En brousse, on assiste aussi, daprès un témoin, à la diminution de production de bière de mil, boisson traditionnelle des paysans pauvres. À ces tentatives arabo-iraniennes dimplantation dun islam rigide, sajoute linfluence montante de la secte Boko-Haram dans le sud haoussa, proche culturellement des habitants du nord du Nigeria voisin. Boko-Haram nous est connu en Occident en raison des attaques et des meurtres quil a perpétrés, en particulier à partir de Noël 2010, contre les chrétiens (1). Preuves de linfluence de la secte sur le sud du Niger, lémir de Boko-Haram a longtemps résidé à Dosso, sur la route de Niamey et, à plusieurs reprises, un témoin a vu de ses miliciens en uniforme dans la capitale. Or, faut-il préciser, au cours du dernier été, Boko-Haram sest déclaré affilié à lAQMI, néanmoins sans confirmation, à notre connaissance, de cette organisation. La zone dinfluence de lAQMI, ou Al-Qaïda au Maghreb islamique, sétend sur lAlgérie, la Mauritanie, le Mali, le Tchad et le Niger. Elle est principalement active dans les régions sahariennes. Né du ralliement à Al-Qaïda du GSPC, en 2006, lui même mutation des GIA en 1998, lAQMI est une formation algérienne dont le quartier général théorique se trouve en Kabylie sous lautorité dAbdelmalek Droukdal. Son dispositif quadrille lAlgérie. Néanmoins, les katibas (2) sahariennes jouissent dune large autonomie. On été identifiées dans cette région la katiba de Mokhtar Belmokhtar et celle dAbdelhamid Abou Zeïd. Avec un effectif denviron 300 hommes, AQMI se sert du nord du Mali, en particulier la forêt de Wagadou, comme zone refuge. Mais, par le Niger, passent ses lignes communication vers la Libye et le Tchad. Pour en assurer la sécurité, ses hommes se sont constitué un réseau local de complicités et de trafiquants appâtés par largent. Mais le Niger est aussi devenu une zone opérationnelle doù lAQMI cherche à chasser la France. Sur 12 enlèvements détrangers dans ce pays, 8 ont touché des Français. Lavant dernier, celui du 16 septembre 2010, visait plus spécifiquement Areva, qui exploite les mine duranium dArlit doù nous tirons 30% de notre capacité électrique et bientôt plus de 50% (3). Plus significatif encore, les deux employés africains de lentreprise ont été libérés sans rançon, seuls les Français restant aux mains des ravisseurs. Certes, lanimosité dAl-Qaïda et des islamistes à légard de notre pays est un fait acquis. On peut néanmoins se demander sil nexiste pas une autre motivation plus « algéro-algérienne ». Comme nous lavons vu, à Alger, le pouvoir souhaite voir disparaître la France de la zone sahélienne et craint par-dessus tout une implantation de nos forces (3). Cette similitude daspiration instille déjà le soupçon. Ce soupçon prend un peu plus corps quand on connaît lhabilité des services algériens pour manipuler les groupes terroristes à des fins peu avouables. À un moment, pendant le soulèvement islamiste des années 90, ils agissaient ainsi pour avoir carte blanche de lOccident dans leur répression de lopposition. Aujourdhui, lobjectif serait de se débarrasser dun gêneur, la France, pour étendre linfluence dAlger au sud du Sahara. Nous ne tenons pas ces propos à la légère. En février 2003, le rapt des 32 touristes européens en Algérie était le fait dAbdelrazak El Para (écrit aussi Abderrazak). Or, cet homme jouit dun parcours singulier. Parachutiste dans larmée algérienne, alors sergent, il déserte en 1992 et rejoint les islamistes armés des GIA. En 1994, cependant, il se rend aux autorités et devient capitaine. Puis il rejoint à nouveau les maquis islamistes en 1997 et devient un chef important du GSPC. Ce nest pas tout. En mars 2004, dans le Tibesti, il est intercepté par un groupe rebelle tchadien proche de la Libye qui le livre à cette dernière. Exfiltré vers lAlgérie le 27 octobre, il demeure des années sous la protection des forces armées de ce pays. Mieux, en juin 2005, sil passe en jugement, cest par contumace, les autorités militaires ayant refusé de le livrer à la Justice. Sans risque, nous pouvons qualifier Abdelrazak El Para dagent infiltré. Problème cependant, il a commandé des attaques, des rapts et des assassinats. Sans doute pour faire taire les rumeurs qui circulent dans les milieux du renseignement, en juillet 2011, on apprenait la remise dAbdelrazak El Para à la Justice. Un peu tard. En septembre dernier, un réseau
de vendeur de cocaïne, quatre Nigérians et un Nigérien,
étaient arrêtés à Niamey, capitale
du Niger. Le 12 octobre, un steward dAir Algérie
arrivant de Bamako était intercepté au débarquement,
lui aussi en possession de cocaïne. Il travaillait en liaison
avec sept autres collègues. Début décembre,
deux Nigérians se faisaient prendre à laéroport
de Brazzaville, capitale du Congo, en possession de 10 kg de
la même drogue. Concernant le Niger, les plus grosses quantités sont acheminées à partir du Nigeria. De petits passeurs assurent le transfert à travers la frontière poreuse entre les deux pays, avant que la drogue ne soit stockée dans des villes du sud comme Zinder. Là, de véritables entreprises de transporteurs clandestins offrent leurs services aux réseaux de la drogue. Rien nest laissé au hasard : ces structures mafieuses utilisent des 4X4 flambants neufs servis par un équipage de deux hommes : un chauffeur expérimenté et un chef de bord. Pendant tout le trajet, le second reste en liaison téléphonique par satellite avec ses employeurs. Quand une région est réputée dangereuse, en raison des attaques possibles de brigands ou des patrouilles des forces de sécurité, des véhicules armés de mitrailleuses lourdes apparaissent pour encadrer les 4X4 qui transportent la drogue. Le voyage se termine à lintérieur du territoire algérien, en plein désert, quand un autre réseau de passeurs prend la relève. Détail qui nest pas dépourvu de sens, les 4X4 sont immatriculés en Algérie. Plus significatif encore, les mêmes noms de généraux algériens impliqués dans le trafic circulent dans le Sahel, à Alger ou à Paris. Des sources bien informées affirment : « Les autorités algériennes ne veulent pas de présence française dans la région du Sahel, parce quelles craignent que leur juteux négoce nen subisse les conséquences ». La population touarègue sétend sur cinq pays : les déserts libyen et algérien, lest du Mali, le nord du Burkina-Faso et louest du Niger Organisés en castes, en clans et en confédérations de tribus, les Touaregs sont par tradition des guerriers, experts de plus en matière de survie dans les régions sahariennes. Les aspects romantiques dune ethnie à la riche culture ne doivent pas faire oublier des coutumes ancestrales qui font facilement deux des bandits dhonneur. Quand à cela sajoutent la difficulté de sintégrer dans le monde moderne et la frustration de ne pas disposer dun État propre, comme les Kurdes en Asie, eux aussi tronçonnés par les frontières, on comprend toutes les aventures guerrières possibles. On retrouve des Touaregs dans lépopée de Kadhafi, qui aujourdhui reviennent dans leurs pays sans argent mais avec des armes. On en a vu quelques-uns dentre eux se faire complices de lAqmi (Al-Qaïda au Maghreb). Dautres enfin, servir dhommes de main aux mafias des passeurs de drogue. Ils ne sont néanmoins pas idiots. Plutôt que de servir les intérêts des autres, ils préfèrent servir les leurs. Aujourdhui, quil sagisse des réseaux de la drogue, de ceux de lAqmi ou des gouvernements en place, dominera le jeu celui qui parviendra à rallier les Touaregs. Reste à savoir ce que les uns et autres sont prêts à donner. De cela dépend lavenir de la région, principalement du Niger et du Mali : futurs émirats mafieux ou États de droits. Alain Chevalérias
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26 novembre 2009 : Le Français Pierre Camatte est enlevé dans lest du Mali. Il est libéré le 23 février 2010. 29 novembre
2009 :
3 Espagnols sont capturés en Mauritanie. Alicia Gamez
retrouve la liberté le 10 mars 2010, ses deux compagnons,
le 23 août. 24 novembre 2011: Lazarevic et philippe Verdon sont enlevés à Hombori au Mali 25 novembre 2011: enlèvement à Tombouctou de 3 européens, un allemand est tué. |
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Lire aussi: Les otages français au Niger, l'Algérie dévoile ses ambitions au Sahel