UNIVERSITÉ D'ÉTÉ
des 1er et 2 juin 2016
"
La guerre civile qui nous menace "

août 2016

Cette année, organisée sous le patronage du " Centre de Recherches sur le Terrorisme depuis le 11 septembre 2001 ", notre université d'été abordait un thème particulièrement grave. Pour ceux qui n'ont pas eu la possibilité de se joindre à nous, nous publions le résumé de l'essentiel de ce qui a été dit. Réparties en sept conférences, les interventions ont toutes été conduites par Alain Chevalérias en raison des grèves et difficultés de transport qui ont empêché un autre orateur de se rendre sur les lieux.

 

INTRODUCTION

Évoquer un risque de guerre civile en France est-il raisonnable ? Beaucoup en doutent. D'autres l'estiment imminente, voire déjà commencée. Quand Michel Houellebecq le dit, on peut remettre ses propos dans la catégorie qui est la sienne : le roman. En revanche, lorsque Patrick Calvar, le patron de la DGSI (Direction générale de la sécurité intérieure), parle devant la commission de la Défense de l'Assemblée nationale, on ne peut rejeter ses propos sans les analyser. Or, le 10 mai dernier, devant des députés médusés, on l'a entendu déclarer : " Nous sommes au bord d'une guerre civile... Encore un ou deux attentats et elle adviendra ". Au cours de son interview, Calvar prononce une fois le mot " d'ultra-droite " pour affirmer : " les extrémismes montent de partout et nous sommes, nous, services intérieurs, en train de déplacer des ressources pour nous intéresser à l'ultra-droite qui n'attend que la confrontation... Cette confrontation, je pense qu'elle va avoir lieu. Encore un ou deux attentats et elle adviendra ". Toute la presse a repris ce passage en faisant même ses titres. Certes, Calvar a raison d'évoquer le risque venant de l'ultra-droite, des groupes plus proches des néo-nazis que du Front national. Du reste, certains seront étonnés d'apprendre le Front la dernière digue face à la violence de cette ultra-droite. En revanche, Calvar fait peu de cas de l'ultra-gauche, plus à gauche que l'extrême gauche et personnifiée par les Black Blocks. Il ne voit pas non plus, ou ne veut pas voir, les autres facteurs humains qui, consciemment ou inconsciemment, préparent la guerre civile en France. En tout cas, ses propos prouvent que nous ne sommes pas dans le fantasme. Cette Université d'été avait l'ambition de combler le déficit d'informations sur le sujet.

Avant toute réflexion, il convient de définir les mots. Une guerre civile est un conflit armé entre citoyens ou habitants d'un même pays. Souvent, le caractère " civil " d'une guerre est occulté pour privilégier un autre caractère. Par exemple, la Révolution française peut aussi être décrite comme une guerre civile, en particulier quand les députés votèrent l'offensive militaire contre les Vendéens. De 1940 à 1945, en France encore, des Français se sont battus contre d'autres Français. Nous pourrions aussi parler de la guerre d'Algérie qui ne fut pas seulement une guerre de décolonisation. Dans les années 80, en Afghanistan, on retombait dans la même ambiguïté puisque, outre les Soviétiques, des Afghans se battaient aussi contre d'autres Afghans.

Il existe d'autres conflits que la presse puis l'Histoire ont immédiatement consacrés " guerres civiles ". Nous retiendrons deux exemples : la guerre d'Espagne, de 1936 à 1939, et celle du Liban, de 1975 à 1990. Leur étude nous permettra de comprendre le processus de déclenchement d'une guerre civile.

 

LA GUERRE D'ESPAGNE

En Espagne, en avril 1931, le roi Alphonse XIII avait abandonné son trône à la suite de la montée de la gauche aux élections et du développement des manifestations de rue. Le 14 avril, la République était proclamée.

Rapidement, des désaccords apparaissent entre les Républicains modérés et les plus extrémistes qualifiés d'anarcho-syndicalistes. Ces derniers multiplient les provocations. Ils suscitent la colère des couches conservatrices de la population. Des prêtres opposés à la République sont alors assassinés . Le gouvernement s'avère incapable de contrôler ses extrêmes. Puis, le 13 juillet 1936, José Calvo Sotelo, un député monarchiste, est tué. C'est le déclic de la guerre civile.

En réponse à ce crime, l'armée, dont beaucoup d'officiers se déclarent ouvertement hostiles à la République, fait un coup d'État militaire sous la direction du général Franco les 17 et 18 juillet 1936. Les Républicains soutiennent le pouvoir et s'arment. Le conflit va durer trois ans.

Précédant le déclenchement de la guerre civile espagnole, on voit deux idéologies globales s'affronter : celle des Républicains et celle des Monarchistes. Les deux groupes, principalement les Républicains, sont dépassés par leurs extrêmes et le pouvoir fait preuve de faiblesse. La conjonction de ces deux facteurs est la cause de la guerre civile : faiblesse du pouvoir et menées des extrémistes.

À cela s'est ajouté l'interventionnisme de puissances étrangères, principalement l'Union soviétique et l'Allemagne nazie.

LA GUERRE CIVILE LIBANAISE

Le Liban est un pays communautariste par excellence. Si dans la globalité il existe deux grands ensembles, les chrétiens et les musulmans, les uns et les autres se scindent en de nombreux sous ensembles de tailles variables. D'abord chez les musulmans, les sunnites et les chiites, mais aussi qui leur sont associés, les Druzes, les alaouites etc... Les chrétiens, à part les maronites, catégorie la plus nombreuse, comptent des orthodoxes, des melkites, des Arméniens, des syriaques, des protestants etc...

Sans entrer dans les détails, il y a toujours eu des tensions sporadiques et une animosité latente entre les communautés, depuis la conquête de la région par les musulmans au VIIe siècle.

À la fin du mandat français ( Lire " Étranges paradoxes de Sykes-Picot "), au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale, une répartition des fonctions par communauté, à la tête de l'État, dans l'administration et dans l'armée, devait permettre une coexistence apaisée.

Mais au Liban aussi les pays étrangers vont peser d'un poids décisif dans la montée du conflit. Ainsi, en 1948, suite à la guerre israélo-arabe, une première vague de réfugiés palestiniens arrive au Pays du Cèdre. En 1967, la Guerre des Six Jours pousse cette fois les réfugiés vers la Jordanie. Mais, en septembre 1970, cherchant à renverser la monarchie jordanienne par les armes, l'OLP de Yasser Arafat est défaite. Combattants et fuyards viennent alors s'entasser avec leurs compatriotes déjà présents au Liban.

Les Palestiniens sont reçus avec compassion par les Libanais de toutes confessions. Néanmoins, avec le temps, des tensions éclatent et l'armée est obligée d'intervenir. L'arrivée des hommes d'Arafat fait empirer les choses. Ils dressent des barrages sur les routes aux abords de leurs camps et arrêtent des chrétiens les accusant de collaborer avec l'ennemi sioniste. Des milices d'autodéfense commencent à se développer chez ces derniers. Parmi celles-ci, certaines sont soutenues par Israël qui cherche ainsi à neutraliser les troupes d'Arafat.

Les musulmans, en revanche, prennent fait et cause pour les Palestiniens. Les sunnites par le jeu politique, les chiites en renforçant les unités armées de l'OLP .

Déjà en avril 1969, le Premier ministre sunnite, Rachid Karamé, avait démissionné en signe de désapprobation à la suite des combats entre l'armée libanaise, commandée par un chrétien, et l'OLP. Le 3 novembre, Émile Boustany, le chef de l'armée, sous la pression des musulmans avait signé les accords du Caire qui autorisaient l'OLP à lancer des attaques contre Israël à partir du sol libanais. C'était l'aveu de faiblesse qui accompagne souvent le déclenchement d'une guerre civile.

La tension ne cesse de croître. Les chrétiens sont de plus en plus souvent victimes d'agressions des Palestiniens. Jusqu'à ce que, le 13 avril 1975, paradant après avoir attaqué une église, des hommes de l'OLP, traversant en bus le quartier chrétien d'Aïn Al-Rémaneh à Beyrouth, soient pris sous le feu de miliciens chrétiens. On compte 27 morts et 19 blessés. La guerre du Liban commençait.

Comme en Espagne, deux fronts idéologiques se constituent, mais sur une base communautariste. De leur côté, les radicaux échappant à tout contrôle et multipliant les provocations, la pression monte. Le pouvoir se révéle divisé, hésitant, sinon faible. C'est le même cocktail qui fait partout les guerres civiles. Nous l'observons dans l'Histoire comme dans l'actualité.

Certains voient pourtant la guerre civile comme un moyen adéquat pour apaiser les tensions et permettre au pays de repartir d'un pied nouveau. Ils se trompent.

En Espagne, elle a engendré l'instauration d'un régime autoritaire, empêché le décollage économique pendant des années et préparer l'éclatement du pays qui aujourd'hui menace. Au Liban, elle a laissé un pays malade, favorisé la naissance d'un parti qui pervertit l'espace politique, le Hezbollah, et ruiné le pays. Au coût économique s’ajoute la crise morale et la persistance de haines secrètes qui pervertissent le climat social. En clair, un pays ne se remet jamais d’une guerre civile.

 

LES SIGNES PRÉCURSEURS D’UNE GUERRE CIVILE EN FRANCE

Tous les pays ont leurs fragilités internes qui peuvent donner naissance à une guerre civile. Il existe néanmoins des moments de l’Histoire pendant lesquels une société est plus particulièrement exposée à ce risque. La France, craignons-nous, est entrée dans une telle période.

Nous constatons un mal être général rendu plus perceptible par le tassement de notre économie et la montée du chômage. Mais aussi, une perte de confiance dans la classe dirigeante et une exacerbation des oppositions idéologiques sur les projets de société. Nous pensons au « mariage pour tous » et à la loi sur le travail.

À cela s’ajoute la frustration grandissante des jeunes et la multiplication des démonstrations provocatrices, voire des violences émanant des ultras de droite, certes, mais aussi de l’ultra-gauche. Comme on l’a vu place de la République à Paris au printemps dernier avec les casseurs issus de cette sensibilité.

Enfin, on ne peut taire le rôle joué indirectement par une immigration musulmane massive dans la montée du risque. D’abord parce que de plus en plus de Français par le sang perçoivent leurs coutumes et leurs habitudes comme menacées.

Ils sont pris d’un vertige identitaire amplifié par les provocations des militants islamistes. Les incivilités, les délits même de certains éléments de la catégorie immigrée, partout dans le monde plus criminogène que la population installée, engendrent à leur tour un sentiment d’insécurité.
Celui-ci se voit confirmé, comme mathématiquement démontré dans les esprits, quand éclatent des attentats commis au nom de Daech ou d’Al-Qaïda.

Même s’il y a des différences d’importance, la comparaison avec l’arrivée massive de Palestiniens au Liban n’est pas à écarter.

Tout cela génère des colères grandissantes dont, le Front national pour un nombre grandissant, et le Front de gauche de Jean-Luc Mélenchon, plus modestement pour l’autre bord, sont pour le moment « des lacs de retenue » avant le déversement d’une colère destructrice. Mais pour combien de temps ?

 

LES FRONTS IDÉOLOGIQUES EN FRANCE

On a vu, dans la synergie du déclenchement et du déroulement d’une guerre civile, l’importance du rôle joué par les fronts idéologiques. En France, nous sommes plus que d’autres dans un pays qui vit dans cette logique depuis le XVIIIe siècle. Cela a engendré des guerres civiles, que nous avons appelé révolutions, à commencer par celle de 1789.

Se souvenir du décret de la Convention des 1er et 2 octobre 1793 pour comprendre le niveau de violence déchaînée

« Il faut, lit-on dans les archives, que les brigands de la Vendée soient exterminés avant la fin du mois d’octobre ; le salut de la patrie l’exige ; l’impatience du peuple François le commande. Son courage doit l’accomplir. La reconnaissance nationale attend à cette époque tous ceux dont la valeur et le patriotisme auront affermi sans retour la liberté et la République... ».

1830, 1848, la Commune de Paris de 1871, autant d’exemples. Encore un, plus récent, qui aboutit à la loi du 9 décembre 1905 sur la séparation de l’Église et de l’État. Le clergé a été dépossédé de ses biens, au cours des inventaires, il y a eu des affrontements et des morts.

Cette fois, on échappa à une guerre fratricide en reportant nos énergies dans le conflit fédérateur contre l’Allemagne. Tout cela pour dire que le risque de la guerre civile n’est pas inconsistant dans notre pays puisque nous avons déjà cédé à sa tentation.

En gros, on peut qualifier les courants sur lesquels prospèrent les fronts idéologiques de conservateurs et de novateurs, qui se désignent eux-mêmes « progressistes ».

Nous récusons cependant ce terme, « progressiste », car il laisse entendre que le changement est toujours un progrès. Ce qui n’est pas avéré.

Quand les conservateurs sont plus attachés aux traditions, à la famille et aux notions patriotiques, les novateurs proposent une nouvelle organisation sociale, souvent hostile à la religion et d’orientation internationaliste. Cela a aussi construit notre système politique.

Dans un fonctionnement normal, nous intégrons la concurrence entre conservateurs et novateurs dans le jeu démocratique. Nous irons même jusqu’à dire qu’ils sont complémentaires.

Néanmoins, avec le temps, ils tendent à s’emprunter des modes de fonctionnement, voire des idées. Leurs gouvernances alors se ressemblent. De son côté, l’électorat novateur, en vieillissant, peut vouloir préserver ses acquis et avantages, voire protéger les biens accumulés. Souvent sans s’en rendre compte, il devient conservateur.

La perméabilité des idées entre conservateurs et novateurs au pouvoir et le glissement idéologique d’une partie de l’électorat brouillent les repères. Cela rend plus difficile la lecture du fonctionnement de la société et inquiète un peu plus la partie de l’opinion qui se sent en situation de vulnérabilité. Celle-ci ne se voit plus alors comme recours que les extrêmes. Au bout de la chaîne, les ultras recrutent.


LE FACTEUR IMMIGRATION DANS LA GUERRE CIVILE


Ce recours aux extrêmes est d’autant plus fort que, comme au Liban pendant la guerre civile, les opinions se sont polarisées sur la population d’origine étrangère, palestinienne là-bas, musulmane chez nous.

Cela ne veut pas dire que la population immigrée serait massivement un acteur principal d’une guerre civile. Certes, des éléments islamistes radicalisés peuvent le percevoir comme cela, certains caïds de quartiers peuvent aussi l’envisager.

La masse des musulmans n’y pense même pas mais, pour la plupart à leur corps défendant, les musulmans apparaissent comme la cause possible de la radicalisation des deux camps idéologiques.
L’extrême droite leur apparaît globalement hostile quand l’extrême gauche a pour eux une sympathie intéressée car elle les perçoit comme des alliés contre cette même extrême droite. Même chose pour l’ultra-gauche qui voit dans les jeunes musulmans des troupes potentielles.

De façon très significative, lors des manifestations place de la République à Paris contre la loi sur le travail, au printemps dernier, on a vu les Black Blocks de l’ultra-gauche casser avec le renfort de jeunes des banlieues.

Nous avions remarqué l’instrumentalisation de l’immigration par l’extrême gauche dès les années 70. À cette époque, ceux que l’on appelait les maoïstes se rendaient dans les foyers d’hébergement d’immigrés, alors tous d’Afrique du Nord, pour les inciter à exiger des lieux de prière.

 

POURQUOI UNE POLITIQUE MIGRATOIRE ?


La migration massive devenant une cause mécanique d’exacerbation des tensions, on peut se demander pourquoi les pouvoirs publics ne la bloquent pas.

Le problème est ancien. On attribue par exemple à Valéry Giscard d’Estaing la responsabilité du principal apport à l’immigration, le « regroupement familial ». En fait, en 1974, il avait fait campagne pour proposer de le bloquer. Il n’a pas pu tenir sa promesse car nous sommes liés par un traité européen contracté sous la présidence de Georges Pompidou.

Les raisons proclamées laissent perplexe. Nous souffrons d’un chômage endémique et n’avons a priori pas besoin d’un surplus de main d’oeuvre. Pour les tâches laborieuses ou/et peu appréciées, il suffit d’offrir des salaires plus attrayants et de durcir les conditions de compensations financières des chômeurs. Les places seront alors pourvues.

Quant aux professions liées à la détention de diplômes, encore faudrait-il les migrants sélectionnés en fonction de leur compétence. Sur ce point, il apparaît en outre intolérable d’embaucher des médecins venant d’Afrique et d’Asie quand nous avons décidé d’en limiter le nombre à la formation chez nous, par le procédé du numerus clausus.

Enfin, quelques esprits naïfs ou sournois suggèrent que la masse migratoire compensera notre déficit de natalité et nous permettra de payer les pensions des retraités. On voit qu’au contraire, l’immigration représente une charge économique multiforme. En clair, il vaudrait mieux bien gérer nos actifs et encourager les naissances plutôt que de recourir à l’immigration.

En fait, nous sommes assujettis à une volonté supranationale de migrations massives vers les pays d’Europe de l’ouest. La nomination de Peter Sutherland au poste de « Représentant spécial sur les migrations internationales et le développement » auprès du secrétaire général des Nations Unies est parlant.

À travers nos articles, nous avons largement démontré qu’il existe un projet internationaliste de création d’un gouvernement mondial. Celui-ci passe par la disparition des nations au profit d’une humanité « hors-sol ». Mais cela est-il possible ?

Au cours de nos enquêtes et de nos voyages, nous avons constaté le besoin d’identité des êtres humains. Ils veulent savoir d’où ils viennent et à quel ensemble ils appartiennent. Quand on réprime ce désir, on le renforce.

Quand il s’effrite chez les parents, en particulier à la suite d’une immigration, il revient mal exprimé et parfois violent chez leurs enfants. Chez les autochtones, réprimé, il peut devenir un culte malsain et un rejet de tout ce qui est étranger. Nous n’en sommes pas encore là mais nous en prenons le chemin.

Voilà pourquoi nous pouvons considérer les agents du mondialisme ( Nous croyons nécessaire de rappeler la différence entre mondialisme et mondialisation : « La mondialisation c’est le développement des échanges, mais le mondialisme c’est le gouvernement du monde par une élite de financiers autoproclamés bienfaiteurs de l’humanité ) comme les premiers responsables du risque de guerre civile non seulement en France, mais éventuellement dans d’autres pays européens. Quant à nos dirigeants, en suivant l’inclination des mondialistes et en facilitant l’immigration, ils sont eux-mêmes coupables.

Et c’est là un point essentiel. Les fautifs ne sont pas les immigrants. Sauf dans la mesure où ils violent nos lois exacerbant les tensions. Les fautifs sont nos responsables politiques. Cela vaut pour la droite comme pour la gauche.


LA PART DE RESPONSABILITÉ DE L’ENSEMBLE MUSULMAN DANS LA MONTÉE DU RISQUE


Il apparaît néanmoins facile de reporter sur les seules autorités la responsabilité du risque. Il convient de s’interroger sur le comportement d’autres composantes de la société, voire des influences perverses d’États étrangers qui, dans le but d’élargir leur influence, pourraient eux-mêmes renforcer ce risque.

On a vu l’étranger, aujourd’hui musulman, inquiéter nombre de Français par le sang simplement en raison de leur nombre. Quand s’ajoutent des actes de délinquance, voire de simples incivilités, ou des exigences d’ordre religieux en décalage avec les usages des Français, alors le rejet de l’étranger musulman croît en intensité. Sur ce plan, chaque musulman, en agissant dans un sens critiquable ou en gardant le silence, est responsable de la montée du risque.

Sur ce terrain, certains pays musulmans amplifient la tension. En répandant une idéologie islamiste, comme l’Arabie Saoudite, en mettant les musulmans en état de paranoïa larvée grâce aux chaînes satellitaires comme le Qatar avec Al-Jazeera, ou en contrariant l’assimilation à la nation française des migrants partis de chez eux, comme le Maroc, l’Algérie ou la Turquie.

Le financement des mosquées joue un rôle décisif dans ce cadre. Il apparaît comme le moyen d’établir un lien, doublé d’un contact humain par le biais de prêcheurs, appelés à tort « imams » ( L’imam et la personne qui guide la prière, même si par un phénomène d’imitation on tend à en faire « le curé » de la mosquée.) rétribués par des pays étrangers. En France, le problème est d’autant plus difficile à régler que l’État ne peut pas, en principe, subvenir aux besoins d’un culte.

Un autre axe communautaire porte sa part de responsabilité, celui qui est guidé par le CRIF (Conseil Représentatif des Institutions Juives de France. Cette organisation regroupe la plupart des associations et structures se réclamant de la judaïté. Nous parlons là d’une structure à vocation politique et en aucun cas de tous les juifs de France. Nous en savons même, parmi eux, un grand nombre qui refuse le soutien inconditionnel à la politique d’Israël dont le CRIF se fait l’avocat. Il est regrettable que ces juifs là n’aient pas accès aux médias pour s’exprimer.


L’ACTION DU CRIF ET DE LA MOUVANCE SIONISTE


Le CRIF et ses partisans favorisent la montée des tensions de plusieurs manières. D’abord en servant de modèle communautariste aux musulmans. Car, tout ce que nous tolérerons pour les juifs, nous serons obligés de l’accepter pour les musulmans avec de plus l’effet du nombre. Cela provoquera une nouvelle montée d’animosité de la majorité de l’opinion française.

Ensuite le CRIF et ses amis « importent », au moins autant que certains musulmans, le conflit israélo-palestinien en France, exaspérant ainsi les ressentiments communautaristes de l’autre bord. Il n’est pour s’en convaincre que de noter les soirées organisées en France pour le soutien à l’armée israélienne.

Enfin, parce que le CRIF, tout en prônant la cohabitation entre les religions et les appartenances communautaires, promeut habilement ceux qui, par maladresse ou discourtoisie, blessent la communauté musulmane.

Nous prendrons un exemple, celui de Nadine Morano. Le 26 septembre 2015, elle faisait scandale en déclarant en public « La France est un pays judéo-chrétien de race blanche ». Elle se retrouvait exclue du Parti républicain. Nous avons dit ce que nous en pensons, Morano n’est pas condamnable dans le fond mais dans la forme. Elle a manqué de courtoisie, elle a exacerbé les passions inutilement.

Autant le CRIF se montre exigeant à l’égard du Front national, auquel il ne passe rien, autant il est tolérant à l’égard des gens comme Morano ou Christian Estrosi. Comme pour le prouver, le 31 mars dernier, Morano était invitée par les Amis du CRIF afin de s’exprimer... sur le sujet de l’immigration.

On trouve les mêmes convergences entre une organisation comme « Riposte Laïque », très antimusulmane, et la mouvance sioniste. L’un des dirigeants de Riposte Laïque, Pierre Cassen, entretient même des relations avec le B’nai B’rith (Structure sioniste organisée sur le modèle de la Franc-maçonnerie).

Le 27 avril 2010, il était invité par les membres de celui-ci à s’exprimer sur l’islam. Quant à ses billets, ils reprennent sans complexe la propagande sioniste. Étrangement, comme nous en avons pris conscience à la suite d’une recherche, Riposte Laïque a été créée par d’anciens militants de l’extrême gauche. Cela sent un peu la manipulation.

Ni le CRIF ni le B’nai B’rith ne sont des innovateurs en matière de manipulation de groupes anti-musulmans. Les autorités israéliennes leur ont montré la voie. Il arrive même que des partis politiques européens d’extrême droite, soient reçus officiellement en Israël.

Ainsi, le 5 décembre 2010, Heinz-Christian Strache, président du FPÖ autrichien, Andreas Mölzer, député européen du FPÖ, Patrick Brinkmann, du mouvement allemand anti-islam Pro NTW, Filip Dewinter et Franck Creyelman, élus du parti extrémiste flamand Vlaams Belang ont été reçus par plusieurs officiels au cours d’un voyage en Israël. Dewinter a même rencontré le Président Reuven Rivlin en personne (Lire « Israël soutient la frange raciste des milieux de l’extrême droite européenne »).

Quant au député néerlandais Geert Wilders, fondateur du Parti pour la Liberté, il visite régulièrement l’État hébreu, où il rencontre les autorités, et bénéficie du soutien de la diaspora sioniste aux États-Unis. Il n’en est pas moins d’une extrême virulence contre les musulmans et multiplie les provocations à leur endroit.

Israël et la mouvance sioniste ne sont pas sur une ligne antiraciste, ni même opposés à l’extrême droite en général. Il suffit pour bénéficier de leurs faveurs d’être un indéfectible défenseur de la politique de l’État hébreu, ce quelques soient ses excès. En France, le Front National faisant les frais de sa réserve à l’égard de ces derniers (Jean-Marie Le Pen affirme avoir été approché par Ariel Sharon en personne dans ce sens. Celui-ci lui aurait offert le soutien de la mouvance sioniste en échange de son ralliement à la cause d’Israël). subit un pilonnage politique de toutes les organisations sionistes pour des raisons très différentes de celles que celles-ci proclament.

 


L’EXTRÊME DROITE ET L’EXTRÊME GAUCHE


À l’extrême droite, on rencontre toutes sortes de sensibilités. Il y a des racistes purs et durs, des hommes et des femmes qui ont souffert de la guerre d’Algérie mais aussi des gens simplement ulcérés par le comportement de certains musulmans et le laxisme de l’autorité.

À ces derniers, comme pour Morano, mais ils n’ont pas ses responsabilités et le recul nécessaire, on peut reprocher dans la colère les écarts de langage. Tout en disant les choses clairement, ils devraient apprendre à ne pas blesser inutilement les musulmans, comme on prend garde de le faire avec les juifs. Au point, pour ces derniers, et à l’inverse, de ne plus oser dénoncer leurs excès quand certains d’entre eux en commettent.

La langue française est assez riche, les formulations stylistiques suffisamment élaborées pour permettre l’art du dire vrai tout en restant dans la décence. Seuls les extrémistes, ultra-sionistes ou islamistes se diront outragés.

Soyons clairs, l’État est alors dans sa fonction quand il réprime les provocations émanant de groupes d’ultra-droite. Des militants plus à droite que l’extrême droite. Certes, une journée « Saucisson et pinard », cela nous fait sourire.

Mais pense-t-on à la sensibilité de ceux qui sont visés, les musulmans, en pratiquant l’amalgame et la généralisation ? Ils ont le sentiment d’être rejetés. On me répondra, « Nous sommes chez nous, nous les Français de souche ». Certes, mais est-il habile de laisser s’installer des gens pour ensuite les stigmatiser ? Le droit et la courtoisie doivent être la référence.

Encore faudrait-il que les coups de l’État ne soient pas réservés aux provocateurs de l’extrême droite pour des raisons de basse politique. L’État se montre trop souvent laxiste quand des islamistes convoquent des prières de rue, là aussi dans un esprit de provocation. Ou quand l’extrême gauche Place de la République draine les casseurs de la banlieue et de l’ultra-gauche. Pire, quand cette dernière joue elle aussi la provocation contre l’ultra-droite sous prétexte de lutte contre le fascisme.

Il faut savoir en outre cette ultra-gauche, comme l’ultra-droite, aspirant à la guerre civile. Souvenons-nous des sabotages perpétrés contre les lignes du TGV les 7 et 8 novembre 2008 par le groupe dit de Tarnac. Julien Coupat, son inspirateur, est associé à la rédaction de deux publications : « L’insurrection qui vient » et le « Tiqqun ». Le premier est un petit manuel du soulèvement sans armes, au moins dans un premier temps, afin de bloquer l’économie d’un pays par des actions dites militantes.

Dans le second, on lit : « Le projet Tiqqun repose essentiellement sur trois sources... la pensée de Heidegger... la réflexion cabalistique juive, le mouvement philosophique et politique nihiliste ». Finalement ultra-gauche et ultra-droite se ressemblent comme des frères... ennemis.


TOUS RESPONSABLES


Arrivés à ce point des interventions, les participants à l’Université d’été du mois de juin avaient compris l’essentiel : ce n’est pas un groupe à lui seul qui peut déclencher une guerre civile.

Il faut d’abord le terreau, résultat d’une conjonction d’événements et du laxisme du pouvoir, sur lequel vient s’enraciner la volonté d’en découdre des groupes extrémistes. Il faut aussi que la colère monte dans l’opinion jusqu’à ce que celle-ci approuve, fût-ce du bout des lèvres, la violence des extrêmes.

Annonçant la guerre civile, c’est une atmosphère délétère qui se met en place jour après jour, une accumulation de faits divers, de peur, d’angoisses, d’incompréhensions et de provocations qui s’emparent de la vie du pays. Si bien qu’à l’éclatement de la crise, tout le monde se sent comme soulagé.

À ces mots, les plus éclairés comprennent à quel point nous sommes entrés en France dans le processus annonciateur d’une guerre civile. Déjà, dans la population, on entend certains dire que c’est la solution.

Il est temps pour le pouvoir de réagir. D’abord en bloquant l’arrivée de migrants à la fois cause et prétexte du conflit en gestation. Pour éviter le pire, il faut tenir compte de la sensibilité de la nation. Cesser de la nier comme on le fait en gros depuis le mandat de Nicolas Sarkozy. Faute de quoi, les digues vont céder...

Centre de Recherches sur le terrorisme depuis le 11 septembre 2001
 www.recherches-sur-le-terrorisme.com

 
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